Les balades de farfa II

samedi 8 mai 2010

Express Deauville Cowes

Un aller-retour
très rapide de l'autre coté

   Farfa II est parti samedi après-midi 8 Mai, après une bonne pizza mangé avec pégase (et en plus chacun une), au 1er sas de 15h30. Cet horaire théorique correspondait à une ouverture théorique ; car, avec les petits coefficients, l’éclusier ne nous a relâchés qu’à 16h15. Un Nordet, d’abord très gentil avec pas plus de 10 nœuds établis, m’attendait dehors, dans cette très belle baie de Seine. Et puis ce Nordet est devenu de plus en plus soutenu en s’établissant à 20 nœuds ; chic alors me suis-je dit ! Cela était une promesse de belle et rapide navigation !

Le départ, le soir

   Cap au 300, direction le phare de Sainte Catherine (la pointe sud de l’île de Wight) sous GV & génois à 1 riz, à 70° du vent soit une allure entre bon plein et largue ; et cela va durer durant les 17 prochaines heures…. Belle vitesse pour farfa II qui est régulièrement à 6 nœuds voir plus. Durant toute cette traversée, je fais un très lent arc de cercle, du 300 pour me retrouver au 350 devant Sainte Catherine en fin de parcours, le vent passant de Nordet à quasiment Est.
   Le bateau est bien gîté sur bâbord, et aussi pas mal secoué par une mer devenue agitée ; les paquets de mer atterrissent de temps en temps sur la capote, avec un « splash » caractéristique. Avec ce niveau de confort (ou d’inconfort), il n’y a eu ni vrai repas le soir, ni petit déjeuner possible.

  Mais cette nuit s'est passé cependant assez bien; avec le réveil toutes les heures qui voit le matelot, toujours habillé de son ciré et de son gilet, émerger de son sommeil, sortir prudemment et vérifier que tout est OK avec un large tour d’horizon sur la mer; de temps en temps par un paquet de mer s’écrase sur la capote, suivi du glouglou caractéristique de l’eau qui s’évacue du cockpit.
   Avec cette vitesse (5,8 de moyenne) le passage des rails s’effectue plus tôt que prévu, entre 3 et 5 heures du matin, en pleine nuit. Certains prétendent que l’on voit mieux les cargos de nuit avec leurs feux ; je crains qu’ils n’aient pas du souvent traverser les rails de la Manche ; car il y en avait du trafic, et j’ai eu jusqu'à 50 cargos sur mon AIS.
   Ah ! Oui, l'AIS, quel beau progrès que cet AIS; et pour ma première traversée de nuit avec ce nouvel outil, j’en suis très satisfait et j’ai pu tranquillement faire ma route ; avec un changement de cap pour passer derrière deux gros cargos pour le rail montant, et sans avoir besoin de changer de cap pour le rail descendant. Le plus important étant d’avoir pu garder l’esprit tranquille.


L'arrivée le lendemain matin
   Ami lecteur, il n’y a pas de photos pour cette nuit héroïquement rapide, mais que j’aimerais te faire partager cette impression typiquement « voileuse » d’un matelot faisant complètement confiance à son « yote » pour traverser une longue étendue de mer qui s’appelait ce jour là la Manche. La cavalcade continuant, je me suis présenté devant Saint Catherine, le phare au Sud de l’ile de l’ile de Wright, vers 8h30 : j’avais donc fait 90 nautiques en 16 heures !!! Cette exceptionnelle moyenne de 5.6 est sans aucun doute la plus belle moyenne de farfa II sur une traversée de plus de 50 nautiques;  ce record restera très difficile à battre .. pour moi.
   La suite va être soit moins chanceuse soit moins réussi ; en effet il me faut mettre le cap sur le 10, soit au près, avec une houle assez sèche renforcé par un courant la fin du flot.



   Quelles sont inconfortables et désolantes ces navigations au près contre mer et courant ; de plus, le courant s’inverse et le jusant me rejette lentement vers le Phare de Sainte Catherine; un calcul rapide me montre qu’entre le près et courant, ma VMG ne va pas dépasser 2 nœuds au mieux durant les trois prochaines heures ; de plus le coin est parsemé de gros cargos à l’ancre ; au final je mets le moteur.
   Mais quel plaisir de voir le moteur à 2000 tours et (grâce à la MaxPro) faire, contre un vent de 15 nœuds de des vagues, du 5.5 sur l’eau et 4.8 sur le fond !
   Au bout d’une heure, je remets les voiles pour un bord de près vers le pointe Est de l’ile de Wright nommé Bembridge ; le bord est un peu court et un ultime quart d’heure de moteur est nécessaire pour rentrer dans le Solent Est en passant entre les deux grands forts qui en gardent l’entrée.
   Entre ces deux grands forts et la terre (Angleterre coté nord et ile de Wight coté sud), il existe des digues submersibles qui empêchaient les navires ennemis de passer ; on m’a dit qu’il était possible de naviguer dessus avec un voilier de croisière callant moins de deux mètres. J’en ai traversé des seuils mais Je n’arrive pas à me faire à celui-là et continue de passer entre ces deux forts


    
   Durant cette fin de matinée, le vent est tombé lentement, le moteur est remis pour arriver à Cowes Haven Marina vers 15 heures ; cette transmanche se termine par un bon repas au Pub Anchor en face de la sortie de la Marina ; suivi d’une sieste ; et celle-ci, le matelot étant bien fatigué va durer….. jusqu’au lendemain matin, c’est à dire que le diner fut prit en dormant.
   Cependant la nuit n‘a pas été si bonne que cela, à cause du « washing » ce balancement irrégulier qu’un bateau attrape quand les vaguelettes d’autres bateaux qui avancent trop vite le font bouger.
   Le lendemain matin, je pars en ville et tombe (une fois de plus) sur le magasin de Beken fermé ; il est dit que je ne pourrais jamais y aller. Après un bon repas dans le « pub en face de la mer dont j’oublie toujours le nom » je quitte le port vers les 15 heures, direction la Hamble River, au moteur.
   Je remonte cette rivière typiquement « old fashion Cowes » avec des milliers de bateaux (90% d’entre eux étant des voiliers) amarrés devant-derrière sur des milliers de pieux; cette très agréable remontée va durer presque une heure.
   Tout au bout de cette rivière Hamble, il y a la Swanwick marina ; il faut savoir que cette marina est juste à coté des chantiers « Princess » qui construisent des vedettes de 30 à 50 mètres. La conséquence la plus amusante en est le fait que les pontons de cette marina, pour accueillir ces mini-paquebots, sont deux fois plus larges et long que la moyenne ! Bizarre de voir deux voiliers l’un derrière l’autre an même catway.
Balade le soir, et repas au pub « Joly Sailor », certes ce pub est à la fois typique et agréable cependant, et AMHA, il n’est pas aussi extraordinaire que le « Cunliffe » le décrit et que sa réputation le précède.
   Au matin, je visite un shipchandler et trouve des vis identiques à ceux qui sont (par centaines ou milliers ) à l’intérieur de farfa II et que je souhaiterais changer avec le temps qui passe. J’en achète 50 et en pose 40 sur le coup ; le midi très bon repas au “Old Ship Inn”; juste à coté de la marina ; c’est un très beau pub, avec une superbe décoration marine ancienne et une bonne nourriture pour les matelots affamées.
   Départ 15 heures vers Yarmouth avec un temps mitigé, nuageux et belles éclaircies ; je savoure les joies des « 9 heures de flot », en effet le courant de flot dure très longtemps, soit bien plus qu’une marée de 6 heures 30 ; j’ai donc droit à un tenace courant contraire entre 1 & 1.5 nœuds.
   J’arrive à Yarmouth en fin d’après-midi, l’installation du port est étonnante, avec uniquement des pieux et des voiliers mouillés devant derrière ; ces bateaux forment un large U qui remplit tout le port. Je suis invité à boire l’apéro par deux vieux anglais (sans commentaires) qui naviguent sur un bon vieux Westerly, les « french ricards » et « english whiskey » sont nombreux avec des discussions incompréhensibles pour le commun des mortels sur l’avantage des coques des seventies versus le reste du monde. Bon diner dans un bon pub dont j’ai oublié le nom.
   Lever 5 heures UK soit 6 heures France ; je pars en refoulant le début du flot jusqu’aux Needles ; belle et tranquille navigation dans la manche et cela juste qu’à 16 heures où je remets le moteur. J’hésite entre aller à Cherbourg et Saint Vaast la Hougue ; mais le courant de flot me fait décider d’aller directement à Saint Vaast, même si au final j’arrive assez tard, et que le repas se limite à un croque monsieur au Perrey. Désolé de le dire, mais le récent changement de propriétaire est une catastrophe pour ce restaurant.
   Le lendemain matin, je m’accorde une bonne grasse matinée car le planning est d’aller à Grand camp, cela veut dire partir juste avant la fermeture de Saint Vaast et d’arriver à l’ouverture de Grand Camp. Je prends un vrai déjeuner après une visite de la si minuscule, si mignonne mais si triste église des marins disparus en mer de Saint Vaast.
   Après la sortie du port, le nombre de fanions de casiers est impressionnant et ressemble à un vrai champ de mines !! Je mets tranquillement le cap sur les iles Saint Marcouf, et prévoie une pause sur ancre de 15 heures jusqu’à 18 heures. Je ne suis par le seul d’ailleurs, il y a l’affluence des grands jours ensoleillées de la baie de Seine, et de nombreux bateaux sont au mouillage, beaucoup d’entre eux ayant sorti leur annexe pour aller visiter le fort de la grande ile.
   Le cap est mis sur Grand Camp qui ouvre ses porte à 20 heures ; le repas (d’accord dans pizzeria) est un vrai désastre : on me sert des pétoncles d’Australie dans un port réputé pour sa pèche aux coquilles Saint Jacques de la baie de Seine !!!
   Le lendemain, le départ est à 8 heures 30, dés l’ouverture ; le vent est, comme souvent dans les belles journées, batard : du Sud Ouest jusqu'à 12H, deux heures pétole et puis le vent rentre en Nordet ; je réduis voile réduire pour arrivée juste à l’ouverture des portes à Deauville. Et je peux vérifier que l’on peut passer avec 1.6 de tirant d’eau juste à l’ouverture des portes de la marina.

Une belle balade des deux cotés de la Manche.