Les balades de farfa II

mardi 31 juillet 2012

Old Grimsby Sound

Day off @ l'île de Tresco

     "Day off"; cela veut dire le matelot se repose, et il profite aussi de cette journée pour visiter; ce mardi fut donc un (deuxième aux Scillys) day off. Le réveil fut ainsi langoureusement proche de midi, vers les 11 heures (et oui, faire de la voile cela fatigue)mais j'avais aussi un but très ferme : visiter l'île de Tresco. Je l'avais déjà entraperçu lors de mon premier voyage aux Scillys; mais suffisamment "pas assez" visité pour me donner une envie terrible d'y passer aujourd'hui une journée entière. Le reveil, comme d'habitude tardif en cas de "day off" fut suivi d'un petit exercice de nage; non, je en suis pas aller à terre en nageant, ou plutôt si en nageant; mais la nage est un terme nautique qui veut dire "faire avancer un bateau avec des rames", on dit aussi pratiquer l'aviron, les terriens disent ramer.
     Comme nous étions marée haute, j'ai du nager pendant un (très, trop ?) grand quart d'heure; la force régulière des bras est toujours là, mais je commence à être lassé de voir tous les autres voiliers aller à terre avec une annexe motorisé; acheter un p'tit hors bord ? Pourquoi pas, l'idée commence à faire son chemin. Le plan était de traverser l'île d'est en ouest, et de rejoindre le "New Grimsby Sound" de l'autre coté de l'île Tresco; en chemin, je reconnus une petite chapelle que j'avais déjà vu cinq ans auparavant; l'île de Tresco appartient à une famille les Dorrien-Smith, dont cinq membres sont tombées durant les combats de la WWII, ci dessous ce que l'on appelle, il me semble, un épitaphe.



      En face de cette stèle funéraire, et avec l'orgue au dessus, il y a une boiserie avec des motifs nautiques, de très vieux voiliers.



     Et à coté de cette église, un sans doute très vieux cimetière avec ses pierres tombales dévorés par le sel et les vents marins.


  
     L'impact des propriétaires de Tresco sur l'île est très palpable; une impression spéciale de "réserve pour écolos" se dégage, pas de voitures à pétrole, uniquement électriques; et les panneaux de signalisation expriment non pas des distances, mais des durées en marche à pied.



     Le repas au "New Inn" fut ........ un désastre; voulant changer, car j'ai parfois une certaine mauvaise conscience à ne déguster que des "special burger" en Angleterre, j'ai exploré la carte, et choisi un "sea bass" (bar) aux petits légumes nouveaux. J'imaginais qu'un bar de ligne me serait servi, mais j'eu droit un "bar portion" venant d'une ferme aquacole grec et sortant du congélateur; le goût final n'étant que très peu différent de celui de la farine dont on l'avait nourri.

     Pour l'après-midi, le plan était les fameux "Tresco Garden"; une petite explication. Avec leur configuration,  les Scillys, îles plates, n'accrochent pas les nuages; et elles sont baignées par un bras du Golf Stream, il ne gèle donc jamais et toutes les plantes tropicales poussent à loisir; au final, ce jardin très français (avec un plan rectangulaire et des allées bien délimitées) regorgent de palmiers, cactus  et autres arbres des pays chauds.



    




     
   Difficile de retranscrire les impressions que procure un jardin tropical que cela soit par écrit ou par photos. Mais la suite fut encore plus étonnante.
    Je savais qu'il existait à Tresco un musée des figures de proue, et je n'avais aucune indication sur son emplacement; par le plus grand des hasards, je le découvris caché juste avant la sortie de ce jardin tropical.
     Les photos ci-dessous se passent de commentaires; nous sommes dans le musée qui abrite la "Valhalla Collection".
Entrée (à l'air libre) du Musée

Figure de proue et le naufrage associé

Lieux de naufrages

Listes de navires perdus dont le musée
à les figures de proue

Un naufrage parmi tant d'autres ....

Figures de proue, féminines oeuf corse
     Après de quasi pèlerinage sur les (si nombreux) navires ayant eu une "fortune de mer" aux Scillys (et oui, on appelle fortune de mer une regrettable mésaventure) je retraversais Tresco de l'ouest vers l'est et revins vers la cote sous le vent, regardant l'est. Cela ne me pris qu'un gros quart d'heure; ah, quelle plaisir procurent ces îles miniatures !
     Rendu sur cette côte Est, je remontais vers le nord pour rejoindre farfa en marchant sur les plages; et je peut définitivement confirmer à tous mes lecteurs que les plages de sable des Scillys sont vraiment très belles, isolées, resplendissantes de lumière; et qu'elles dégagent des sensations très intenses de plaisir salé; de plus, il est évident que l'on n'est pas gêné par une foule envahissante.


 
     Deuxième vue sur le mouillage de "Old Grimsby Sound", permettant de bien visualiser le petit endroit de tranquillité au milieu d'autres îles.


     Revenu sur farfa, et après un nouvel entrainement de nage sur mini farfa; je me retrouvais sur mon boat assez fière et content de sa journée et un peu fatigué de ces longues marches; un vrai repas consistant en une grande platée de filets de harengs a ragaillardi le matelot; la nuit s’annonçait peut-être agitée, sportive, un BMS avec 30 noeuds de vent était prévu; mais avec 20 mètres de chaîne et 10 mètres de câblot et 8 mètres de fond à marée haute, je m'estimais tranquille et je dormis très bien.

lundi 30 juillet 2012

The Cove => Old Grimsby Sound

L'île de Saint Agnes


     Une grande balade sur l'île de Saint Agnès, que je n'avais pas encore visité, était prévu pour cette journée. Avant de partir, j'ai fait une ultime (et donc la "vraie" dernière) tentative pour réparer, débloqué, un des deux embouts de mon tangon; rien n'y a fit, cette embout était bien rouillé de l'intérieur; en conséquence je ne pouvais plus utiliser le spi symétrique et devais me préparer à débourser +/- 500 € pour un tout neuf. 
     
   Une fois à terre, je commençais le tour complet de l'île; j'ai bien dit "complet" car aux Scillys, tout est si mignon et si petit que l'on peut être sur de faire le tour de chaque 'île entre une & deux heures !! Comme nous étions à marée basse, je put apprécier le talent du skipper qui avait son voilier au raz de la plage, devant tous les bateaux au mouillage.


farfa au premier plan
     Juste en sortant de l'anse "the Cove", et devant le "centre ville / débarcadère", en vrai quelques maisons et une auberge où je prendrais mon repas plus tard, je découvris une gigue récemment repeinte à l'extérieur de son hangar; que ces bateaux d'aviron sont élégants.
la gigue devant les tables du pub, le débarcadère au fond
   Et puis, je suis parti en balade, trouvant un chemin, un sentier qui allait me faire faire le tour de l'île; chemin peu carrossable, mais juste assez pour être dérangé trop souvent par des voitures type 4x4; j'arrivais à très belle baie dont j'ai oublié le nom; sur la photo, des yeux expertes dotés de jumelles automatiques pourraient apercevoir le phare de Bishop Rocks, au milieu de la ligne d'horizon, allez, croyez moi sur parole :-)



     Une église n'était pas loin, avec son très vieux cimetière, et ces quelques tombes vieillies à l'air marin; l’intérieur était tout empli de cette calme sérénité que les anciens et modestes monuments religieux savent dégagées.


      
     Un peu plus loin, un camping bien aménagé mais sans aucun doute réservé à des campeurs se satisfaisant d'une atmosphère "marine et vivifiante".



     En continuant mon chemin, je tombais sur le phare de Saint Agnès, une vision tout à la fois triste et encourageante; les lecteurs assidus des "aventures de farfa" savent mon attirance voir ma passion pour les phares; ces immenses bougies qui surgissent de la nuit pour éclairer les marins et leur supprimer craintes et angoisses nocturnes; tout au sommet de l'île de Saint Agnès, il y a ce phare qui a du guidé tant de bateaux. Mais aujourd'hui, ce bâtiment très bien entretenu présente une caractéristique étrange, ami lecteur, l'as-tu remarqué sur la photo ci-dessous ?


Le Phare de Saint Agnes
     Et bien sur le tout petit écriteau blanc sur la partie supérieure de la barrière, il y a un mot simple mais étrange un phare "private". Cette lumière nocturne (qui est d’ailleurs noté sous l’appellation "phare déclassé" dans les instructions nautiques) est devenu la résidence secondaire d'un anglais qui l'entretient au meiux.
     
     De retour vers le "centre ville / débarcadère" vers les 1 heure de l'après midi (c'est à dire midi en english time) je me commande mon traditionnel burger avec une bonne bière et m'assoie sur une des tables que l'on peut distinguer sur la photo de la gigue; au bout de quelques minutes, un anglais fort sympathique me demande s'il peut, avec son épouse s’asseoir à ma grande table vu toutes les autres sont occupées.
     La conversation a démarré rapidement, et (peut-on parler d'atomes crochus ou d'ondes de sympathie instantanées entre amateurs du milieu marin en général et de voiliers en particulier?) il se trouve que cet anglais, qui s’appelle Brian, est lui aussi amoureux non seulement de sa femme mais aussi de son voilier, d'un yawl. D'ailleurs mon anglais plus que médiocre m'a fait confondre pendant un certain temps le mot de "yole", c'est à dire embarcation de voile aviron de 6 à 8 mètres, avec la dénomination "yawl" qui désigne un voilier à deux mats dont celui de poupe est placé derrière l'axe de la barre.
     Brian est le grand-père de 10 enfants, et la majorité d'entre eux se sont, au fur à mesure qui l'après midi passait, joint à notre table; ah le plaisir d'être grand-père ! Sur la fin, il m'a expliqué qu'un régate / balade avait lieu début Août vers "the Cove" et qu'à cet occasion il allait, cet année remettre à l'eau son yawl après son chantier hivernal.
    Même les meilleurs moments ont une fin, et j'ai laissé Brian et sa famille finir leur après-midi et suis retourné sur le seuil de the Cove pour retourner sur farfa et poursuivre ma route; surprise en arrivant sur ce seuil : la marée est bien montée et non seulement elle dépasse le seuil mais mon mini farfa aurait pu être emportée si une bonne âme ne l'avait pas remonté sur le sable et assuré son "moulliage" en mettant une grosse pierre sur son bout d'amarrage.




     Rendu à bord de farfa, je levais l'ancre et pris la direction des "western rocks", ces groupes de rochers situés à l'ouest des îles Scillys; la météo a rapidement changé, et le beau soleil de "The Cove" se transforma en temps maussade et bruineux.
     Pour explorer ce coin, je choisis de suivre le chemin du guide Rondeau, une route qui a la forme d'un grand Z à travers les rochers; le guide mentionne que l'on peut voir les célèbres phoques des Scillys; malheureusement, nous étions à marée haute; et les phoques devaient être en train de chasser, plutôt pécher.
     Néanmoins le spectacle de ces rochers émergents de la mer, véritables poignards prêt à déchirer tous les bateaux qui s'approcheraient à quelques mètres est une vision tout à la fois horrible et magique, voir ci-dessous.



 

En vidéo, cela rend peut être mieux, le lecteur choisira !!


     N'oublions pas la star des Scillys le fameux brave et incroyable phare de Bishop Rocks qui doit certainement avoir à son actif plusieurs milliers de vie de marins sauvés.


  Après cette balade, en forme de pèlerinage, je repris la route dans le chenal central des îles Scillys, pour rejoindre le Old Grimsby Sound, route sous une pluie fine et sous génois seul.
    J'arrive en fin d 'après-midi dans ce sound... Que veut dire sound en anglais ? Et en français d'ailleurs car il y a des sound dans la partie française de la manche.
     Et bien et AMHA (à mon, humble avis) un sound est un endroit où la conformité de la côte, les anfractuosités et recoins de cette cote, permettent de délimiter un mouillage tranquille pour une direction du vent défini; ainsi ce Old Grimsby sound était-il parfait pour un vent de sud ouest comme nous avions ce jour; et je plantais ma pioche tranquillement dans ce sound.
     Je retrouvais aussi l'ami Jaoul au mouillage; p'tit apéritif et dîner suivirent sur son bateau.  

dimanche 29 juillet 2012

En allant vers "The Cove"


Petite
 balade vers un isthme

   Vraiment reposé avec une deuxième vraie nuit tranquille, je regorgeais d'énergie et en profitait, juste après le petit dej' vers les 10 heures du matin (il faut quand même laisser le matelot se reposer) pour gonfler mon annexe, le fidèle "mini farfa" depuis déjà huit ans, car il a bien résisté à un entretien sommaire en bénéficiant de soins adéquats; au final mini farfa et son moteur "deux bras" sont toujours en pleine forme.
     Le plan était de (re) visiter Hugh Town , la .. comment dire ... capitale ou plutôt plus  ville (grande ?), allez on va dire le bourg principal de l’île de Saint Mary; ne jamais oublier que les Scillys ne sont que quelques confettis de terre jetées par Neptune au large de la cornouaille britannique, juste pour faire mentir ceux qui croient que Land's end est la partie la plus ouest de la terre du Royaume Uni.
     Une fois dans mon annexe, et avec la belle luminosité d'une fin de matinée ensoleillé, je pris quelques photos de farfa, et l'une d'entre elle est maintenant, et pour quelques mois au minimum, la page d’accueil de ce blog; ci joint deux autres, dans la série :


 "les couvertures auxquelles vous avez échappé"




     AMHA (à mon humble avis) je trouve ces deux photos presque aussi réussies que la première, celle d'en haut du blog; le seul regret que je pourrais faire, c'est de constater que toutes les photos du skipper ne soient pas aussi esthétiques, charmantes, jolies qu'une seule photo du bateau; ainsi va la vie.


     Rendu sur l'île de Saint Mary, je montais visiter le fort, comme me l'avais recommandé l'ami Jaoul; cette forteresse est situé sur la presqu'île ouest, et me donne les mêmes impressions que beaucoup de ces édifices construit des deux cotées de la Manche (de l'English Channel) : que de temps, d'énergie, et d'efforts passées à l'art de la guerre durant ces derniers siècles !



          Retour au port; je me délectais à la pensée d'un bon repas dans ce temple de la voile qu'est le pub Mermaid, hélas, juste installé, la serveuse me donne un menu ... et le reprends 3 minutes plus tard: le restaurant est fermé, car le cuistot est en vacances :-(; je me contente d'une petite Guiness. Ami lecteur, n'ait aucune crainte, je trouve un autre pub, l'Atlantic qui permet au matelot de se régaler d'un bon déjeuner.

    Retour à Port Cressa écrasé de soleil, style Caraïbes et petite sieste sur la plage.

mini farfa au 1er plan

     De retour sur farfa, il me fallait décider où aller planter la pioche pour le soir; après les discussions avec Jaoul et voulant aussi faire de nouveaux mouillages, le choix s'est porté sur "The Cove"; comment présenter cette endroit ? La vidéo faite le soir même sera plus démonstrative qu'une explication écrite.




     Allez à ce mouillage ne m'a pas pris beaucoup de temps, une petite demi-heure; mais rendu sur place je me doutais qu'il y aurait beaucoup de bateaux présents; j'avais deux solutions me mettre derrière ou devant ce troupeau. Avec mon annexe équipé de son fameux moteur "deux-bras", et ne voulant pas passer trop longtemps à cette tache, je choisis de me mettre devant, pour être plus précis de mettre mon ancre de manière à avoir juste le minimum sous la quille soit 10 à 20 centimètres.
     En avant pour les calculs de marnage et de marée ! Entre la carte GPS et les hauteurs d'eau venant de l'almanach du marin breton, je choisis avec précision LA place idéale, celle qui devait me laisser les 20 centimètres sous la quille à marée basse et comme celle-ci était très exactement à 20h10, je pouvais surveiller de très prêt l'évolution; j'ai d’ailleurs profité de cette attente pour re étalonner mon sondeur avec une soude à main.
    Après un rapide tour à terre, et faire la vidéo ci-dessus, retour sur farfa et surveillance attentive des calculs du pi'taine; aucune angoisse, mais juste la certaine appréhension que l'on a quand on découvre le résultat d'un travail que l'on pense avoir bien fait. Et effectivement, le sondeur m'a bien indiqué le résultat voulu, les 10 à 20 centimètres sous la quille; hourra pour le pi'taine !!!


   Dîner à base de roll mops et gros dodo.

samedi 28 juillet 2012

Saint Mary, baie de Port Cressa

Journée de repos à Port Cressa

    Quelle belle nuit a passé le matelot après ces trois journées de navigation et cette arrivée en fin de journée, début de nuit ! Un premier réveil, vers les 10 heures, m'a permis de voir que lorsqu'il pleut aux Scillys, il pleut vraiment.

     Reparti immédiatement sous la couette, je fis mon deuxième réveil vers midi; très pratique pour cumuler petit déjeuner et déjeuner dans le même élan, et cela à base de spaghetti + salade. Dans la foulée, j'ai remonté l'ancre pour me mettre plus près de la plage, sur un corps mort. Les habitués de Port Cressa seront surpris; des corps morts à Port Cressa ? Et oui, depuis cet été, il y a une quinzaine de bouées, sur deux rangs, et un harbour master. Ces corps morts font partie d'un vaste plan de réaménagement de l'endroit, avec promenade bétonné et tout ce qui va avec. Une fois le corps mort pris, je remarque rapidement que le voilier juste à coté de moi, lui est resté sur ancre, est "Jaoul", dont le connait le skipper Régis par mail via Hisse et oh.

Jaoul Trisbal 44
      Avec mon grand pavillon HeO et mon farfa très reconnaissable dans ses teintes rouge, mais n'ayant pas encore gonflé mon annexe, je prends le pari facilement gagné qu'il va venir me serrer la pince avec son zodiac équipé d'un moteur neuf; tiens, une remarque en passant sur les moteurs d'annexe, il me semble que Régis faisait encore récemment l'apologie des moteurs "deux bras" :-). Acceptant son invitation d 'aller prendre un café rapide sur Jaoul, nous sommes restés jusqu'à 18 heures à refaire, avec son épouse Michelle, le monde en général et les bateaux en particulier; qu'il est facile de laisser parler deux vieux loups de mer de leur passion commune !
     De plus, sitôt cette conversation finie sur Jaoul (vers les 18 heures) elle reprit une petite heure plus tard sur farfa pour un apéritif copieux qui tient lieu de repas; et cela après avoir donné mes 15 £ réglementaires au harbour master venu les récolter avec un zodiac naturellement équipé d'un moteur de 100 ch..........

vendredi 27 juillet 2012

Traversée 3ème jour


L'étape finale

A minuit, j’étais par le travers de Start Point, juste avant Salcombe que je n’avais pas visité depuis mon dernier voyage aux Scillys ; navigation tranquille avec ce vent du Nord ; cependant celui-ci va se renforcer petit à petit durant la nuit ; et, vers les 5 heures du matin, je prends un riz GE+GV dans 14 à 16 nœuds de vent.
Juste après, la cavalcade a commencé avec un vent monté à 18-20 nœuds et 2 riz GE+GV pris, le cap est mis au 255°; le courant recommence à me porter et la mer devient très agitée avec de belles vagues de travers à farfa ; c’est bien dans ces conditions que je me félicite d’avoir d’abord un bateau marin et une très belle et neuve capote qui reçoit et encaisse paquets de mer et embruns ; la vitesse sur le fond ne descend pas en dessous de 6 nœuds.

Deux riz dans la GV 
En milieu de matinée, vers les 11 heures, le vent s’est un peu calmé ; j’étais à 15 nautiques du cap Lizard, et pour midi j’avais renvoyé toute la toile dans une jolie brise de 12-14 nœuds ; cela m’a aussi permis de prendre un déjeuner froid ; n’oublions pas que farfa était gîté à 25-30° depuis le milieu de la nuit.



Cependant, le moral était au plus haut; avec déjà plus de 200 nautiques au compteur, les Scillys se rapprochaient à vue d’œil, et l’objectif semblait en phase d’être atteint. Mes premiers calculs d’ETA (Estimate Time Arrival) me donnaient minuit ; cela permettait d’entrevoir une arrivée à Port Cressa un peu plus tôt en faisant appel à la risée Nanni.
A 13h30 j’étais par le travers du Cap Lizard, le vent était remonté à 18-20 nœuds, entraînant la disposition 2 riz GE+GV, sa direction était Nord Nord Ouest, l’allure devenait bon plein, le courant était défavorable, mais le vent de terre n’entraînait pas une forte houle dans un endroit qui peut aussi des raz se former ; j’avais fait 232 nautiques au GPS ; l’après-midi se passait toujours bien gîter mais heureux d’entrevoir une arrivée le soir.
En milieu d’après-midi, j’eu droit à un spectacle comme seuls les nav’ du coté de l’English Channel peuvent vous en réserver ; alors que je naviguais au bon plein à 4,5 nœuds voir 4,7 quand les vagues le voulaient, j’ai vu sur mon GPS un point AIS affichant le même cap que le mien mais à une vitesse de 12,5 nœuds, et cette vitesse était constante. Diable étais-je rattrapé par un cargo, chalutier ou un bateau à moteur ? Un coup aux jumelles ne me montrait comme naviguant qu’une voile à mon vent, sur mon arrière ; bizarre un voilier au près à plus de 12 nœuds, cela ne pourrait être qu’un voilier de course.



Celui-ci se rapprochait d’autant plus vite qu’il allait à 2 à 3 fois plus vite que moi ; je finis par voir un voilier, d’une grande taille, portant trinquette et GV à 1 riz ; qu’il était beau, fin et racé comme on dit, et qu’il fendait vite les vagues qui nous ralentissaient vers l’ouest, vers les Scillys !! Petit à petit, mon diagnostic se fit plus précis, un racer de ce type, entre 30 & 35 mètres, bien à plat sur l’eau, ne pouvait être qu’un de ces couloirs lestés dont nos amis anglais avaient définis les spécificités entre les deux guerres ; un coup d’œil un peu plus appuyé aux jumelles me permit de voir le « J » au milieu de la grand-voile, j’avais affaire à un classe J !!! Ces célèbres bateaux les plus grands et plus démesurées bâtis pour la coupe de l’America ancien modèle, à l’époque où c’était des voiliers classe J qui y participaient.
En examinant le pavillon et sa poupe, je vis les trois couleurs du drapeau français placées horizontalement et cela montrait sa nationalité hollandaise. Depuis j’ai fait des recherches sur internet  et il semblerait que le nom de ce bateau puisse être « Humana ».
A 18h30, je passais devant le phare de Wolf Rocks, assez loin pour le voir, les Scillys étaient proches ; pourtant le confort était toujours aussi fruste sur farfa, les heures passaient avec cette gîte constante, mais le bateau avançait bien, et la bière était fraîche.
Une heure plus tard, entre le vent qui faiblissait et la volonté d’arriver avant la tombée de la nuit, je mis le moteur pou naviguer à « l’anglaise » c'est-à-dire voile + moteur, cap au 265°; la nuit était prévu pour 22h30, et une arrivée de jour, ou plutôt avant la nuit obscure, était préférable le matelot étant de plus en plus fatigué après trois jours et deux nuits de navigation ; rapidement, à 20h15 selon mon journal de bord, je put dire « Scillys en vue » car on distinguait, entre eau et ciel, une petite ligne de terre qui correspondait à ces îles tant désirées.
Et oui, j’y étais arrivé, moins fatigué que je le craignais, mais plus épuisé que je le souhaitais ; la suite fut très simple, le vent finissant par tomber, j’affalais les voiles et Nanni me conduisait vers Port Cressa; je rentrais dans cette baie juste quand le soleil disparaissait derrière la colline qui nous protégeait du vent ; je dis « nous » car je fus assez surpris de n’être non seulement pas un des seuls, mais de trouver de très nombreux bateaux ancrés dans cette baie; et de découvrir qu’il y avait de nombreux corps morts jaunes pour les plaisanciers.
Je plantais ma pioche à la lisière de ces corps morts et, je crains d ‘avoir gêné un vieux gréement qui replanta sa pioche un peu plus loin, excès de prudence de sa part ou manquement aux règles de courtoisie de ma part ? Qui saura.

J’y étais, j’étais heureux de cet "Everest" ;
pour les amateurs de chiffres :
282 nautiques au GPS en 55 heures
soit une moyenne de 5,12 nœuds.

jeudi 26 juillet 2012

Traversée 2ème jour


Au milieu de nul part,
naviguant au milieu de la Manche

Vers 1 heure du matin, le vent de Nord Est est rentré, les voiles sont remises; bien qu’étant assez loin du raz de Barfleur, le courants se fait bien sentir et la vitesse fond n’est que de 2,2 nœuds. J’ai plusieurs lumières sur mon tribord que j’ai bien du mal à discerner et à expliquer : pas de signal AIS, feu rouge plus un blanc devant et au-dessus du rouge ? Probable que cela soit des pécheurs, qui travaillent sur le même coin, mais cela est toujours intrigant voir stressant de voir des lumières la nuit sans pouvoir savoir très rapidement (en moins de 30 secondes) ce que cela est, à quelle navire ces feux appartiennent.
Et comme d’habitude, cette sensation bizarre que procure le bateau freiné par le courant s’est peu à peu, vers les 6 heures du matin, transformé en douce euphorie quand les choses s’inversent, que le courant devient porteur et que le GPS affiche des vitesses insolentes ; surtout quand cela se passe dans un lever de soleil si lumineux et estival.
Une fois le p’tit dej pris, un très léger p’tit dej compte-tenu qu’un bateau qui navigue est très loin de l’idéal pour faire chauffer du café, je commençais à faire des calculs : voyons, avec ce beau début, les Scillys étaient, en ligne direct, à 172 nautiques dans le 270°, plein Ouest ; cela faisait 34 heures à la vitesse de 5 nœuds, le plan d’une deuxième nuit de nav dans la foulée de la première commençait à prendre corps.
Une fois passe le premier rail celui dit montant car les cargos se dirigent vers le Nord Est et donnent l’impression de monter sur une carte papier, je fis un essai de navigation plein vent arrière, voiles en ciseau, cela correspondant à un cap au 265° direct sur les Scillys ; cet essai ne fut pas concluant, le bateau roule beaucoup et le vitesse chuta jusqu’à 4,5 nœuds ; je repris l’allure plus rapide et confortable de grand largue, tribord amures évidemment.
Les conditions restaient superbes; et j’en profitais pour mettre les boudins protèges-filières que j’avais acheté la veille ; rapidement je pestais contre l’imbécillité de l’ingénieur qui les avaient imaginé, car il me fallut couper en deux, au couteau, la partie "mousse" du boudin qui n’avaient pas été prévu pour pouvoir se poser sur des filières déjà montés.
Je me suis aussi amusé à mettre farfa en pilote automatique mode vent apparent, et finis par trouver un réglage qui donnait : vent apparent au 130°, cap moyen 290 et vitesse un peu plus de 5 nœuds ; le deuxième rail, celui descendant fut passé dans la foulée.
Donc j’allais pouvoir sans doute rejoindre les Scillys (« sans doute » car il ne faut jamais sur un voilier vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué) et je commençais à m’intéresser aux mouillages que j’allais faire, aux abris qu’il me fallait planifier, et cela avec l’aide du guide Imray que j’avais acheté.
Et c’est ainsi que la partie la plus agaçante de cette nav allait commencer, j’avais tout prévu pour aller aux Scillys, tout sauf ce guide Imray que j’avais si souvent lu et relu que les pages en étaient cornées ; introuvable sur le bateau était ce guide, et un voilier de 28 pieds n’est pas si grand que cela ; honte sur le matelot qui avait oublié ou perdu l’essentiel ! Je dus me rabattre sur le Rondot, qui donne des descriptions toujours aussi précises, techniques mais sans aucune fioriture ni aucun mot d’humour comme le sont les guides Imray.
Pour me remonter le moral, j’offris au matelot son déjeuner de choix : une splendide, énorme et délicieuse salade de harengs aux pommes de terre tièdes ; splendide car je l’avais fait de mes deux mains gauches ; énorme car il y avait 5 filets de harengs ; et délicieuse car j’y avais ajouté de la salade batavia, un oignon coupé en rondelles fines et du velours de balsamique. Comme d’habitude la sieste récompensa le cuisinier.
L’après-midi passait très tranquillement, et farfa bénéficiait toujours de splendides conditions de nav ; cependant, vers les 5 heures de m’après-midi, et pour rester dans un bon flux pas trop proche de la terre, j’empannais et passais bâbord amures pour « essayer » pour voir si cela le faisait, cap au 245°. Mais il serais dit que cette serait tribord, car une analyse un peu plus poussé des prévisions de vent me convainquis rapidement que cet empannage aurait été logique si le vent avait continué d’être plein Ouest, mais avec la bascule nord qu’il se préparait, et compte tenu de mon objectif de rejoindre les Scillys, il fallait mieux attendre celle-ci tribord grand largue, et veiller à un vent qui allait refuser dans les heures à venir ; je re-empannais de suite en croisant les doigts sur la précision de ces prévisions.
Une heure plus tard, le vent commençait à faiblir, logique avant une bascule ; le moteur fut mis en route cap au 270°, il faut bien aussi penser à recharger les batteries pour continuer à faire fonctionner le frigo et garder nourriture et boisson au frais. Je profitais de ce calme relatif pour mettre le grand pavillon bleu Hisse et Ho ; en effet il symbolise pour moi une croisière estivale, il est porté sur une drisse partant du haut du mat vers l’arrière de la bôme, et il fait son effet.
Vers les 21 heures, et comme prévu (ou j’ai eu de la chance) le vent rentra du Nord et me permis de remettre les voiles cap au 270° ; mais ce vent était assez faiblard, pas encore vraiment établi ; à contre bord, remontant vers Cowes, j’ai croisé une splendide goélette ; et comme souvent en nav’, le repas du soir fut une suite d’apéritif et grignotage.

PS: pas de photos ni de vidéos durant cette journée.
Pourquoi ? Rigoureusement aucune idée.

mercredi 25 juillet 2012

Traversée aller : le premier jour

Un départ en fanfare

Arrivé par le train un peu avant midi, ma première priorité concerne l’avitaillement, le remplissage des placards de farfa avec de la nourriture sans oublier les boissons indispensables pour lutter contre la déshydratation; farfa sera bien équipé comme il faut. Après un solide déjeuner au Pirate, et en ayant prévu de partir dés que les portes du sas s'ouvrent, farfa quitta le port de Deauville vers les 15 heures. Quelle sera la route ? Quel sera le plan ? J’avais, selon la météo, devant moins 48 heures de vent favorable; les Scillys étant à 240 nautiques en ligne droite cela faisait exactement 48 heures à 5 nœuds ; auxquels il fallait rajouter 12 heures pour intégrer les inévitables zigs-zags. Je pris la décision de faire déjà une nuit de navigation, qui devait m’amener vers le phare de Start Point et après on verrait.
Sortant du port, je fut accueilli par de la pétole et du soleil; et je croisais par harazd Dominique et son Chantago, son petit First ou Jeanneau de 6 mètres qui fait son bonheur depuis plusieurs années ; il me hella et parla de refaire une petite régate, je n’eu pas la possibilité de lui dire que je partait pour une longue nav’ bien au delà de la baie de Seine ! Le moteur fut mis pendant une heure, cap au 310°, et comme prévu, je vent revint dès que je fus un tant soin peu dégagé du cap de la Hève ; un bon vent comme on en aime, 10 à 12 nœuds qui permit de farfa de marcher à 5,8 nœuds cap au 290 au largue tribord amures.


Tribord amures, évidement
L’après-midi se passait très bien, dans ce que l’on appelle entre nous « une belle nav’ »; la vitesse restait toujours proche des 6 nœuds, la mer avait oublié de faire des vagues et/ou des moutons et la chaleur devenait moins forte ; de plus la vitesse sur le fond était bien amplifié par le courant et je relevais 7,6 nœuds vers les 20 heures.
Ah ! Quelle différence avec ma dernière traversée d’il y a deux mois durant laquelle j’étais allongé sur la couchette, malade et vomissant !






   Le repas du soir fut réduit à sa plus simple expression, sur le mode "long apéritif", à base de "cacahuètes + radis + pastis" et le tout à volonté ; j’eu la satisfaction de voir que j’avais fait, sur le loch, 38 nautiques en 6 heures, soit une moyenne de 6,3 ; vraiment bien pour un 28 pieds.
Le coucher de soleil me permis de prendre de belles photos, prises sous le vent, voir entre le génois et les filières ; à un moment, j’eus même le phare de Gatteville, cette haute colonne de pierre, au milieu du soleil couchant ; enfin il faut le savoir après coup.

Où est le phare ???
Le p'tit point à droite du soleil

  














  Comme la nuit débutait, et que le vent s’était logiquement assoupi, et avec le plan d’éviter de rester scotché trop près du raz de Barfleur (cela m’était arrivé lors de ma première navigation en solo vers les Anglo) je mis le moteur pendant plus ou moins deux heures ; cela permettant aussi de garder les aliments, ceux solides mais aussi les liquides dans le frigo bien au frais.

mardi 24 juillet 2012

Scillys Tribord Amures 2012 - Introduction


Mais que veux bien dire ce titre ?Reprenons-le, mot à mot :


Les Scillys: veut sans aucun doute dire que farfa II y est allé et qu'il a réussi à rejoindre les Iles Scillys, pour une deuxième fois après l'aventure de 2007, et oui déjà 5 ans. Durant cette période, j’avais essayé au moins deux fois de rééditer l’exploit de 2007 mais sans y parvenir; pour rejoindre les Scillys, quand on n’a pas de nombreuses semaines devant soi, il faut avoir de la chance : c'est-à-dire que le vent soit favorable.

Tribords amures: voudrait dire que j’ai eu le vent tout le temps, enfin la majeure partie du temps, qui venait de la droite. Et cela dans les deux sens, à l’aller comme au retour. Nous reviendrons sur ce paradoxe.


2012: facile à décoder, cette navigation a eu lieu durant l’été 2012.

Durant cette deuxième partie du mois de Juillet, très calme pour ce qui est de mon activité professionnelle, j’avais la possibilité de prendre 2 semaines de vacances durant les 5 semaines qui précédaient le 20 Août, et cela à ma convenance. Après les deux tentatives infructueuses de rejoindre les Scillys, dont celle de 2010 qui m’avait quand même permis de savourer la Cornouaille britannique, j’avais mis au point un plan « stratégique » infaillible ; pour aller aux Scillys depuis la Baie de Seine, il faut être au portant et ne pas subir l'inconfort de remonter les vent d’ouest. Donc surveillons la météo et, dès qu’une fenêtre de vent plus ou moins Est, c'est-à-dire du vent portant, se présentait, posons en « urgence » deux semaines de vacances, et partons immédiatement vers ces îles désirées ; de manière à refaire ce que j’avais réussi par hasard en 2007, rejoindre les Scillys au portant.
Les journées passaient bien dans le bureau de la world company qui m’emploie quand, petit à petit cette fenêtre météo Est se présenta, deux à trois jours de vent favorable étaient prévus à partir du 25 Juillet ; ni une, ni deux en avant farfa II.