Les balades de farfa II

dimanche 2 décembre 2012

Weekend Hivernal & Lumineux

Roger le retour, la résurrection

  Ceux qui suivent les aventures de farfa savent que roger, mon fidèle équipier, celui qui barre presque qu'aussi bien que moi, a eu de très graves problèmes juste avant l'été; tellement graves qu'il m'avait fallu en acheter un autre; depuis lors farfa était guidé par un autre roger, nommons le "roger le jeune". Mais je n'avais pas perdu espoir pour roger le vieux, et il était à Châtillon pour une examen complet; il fut complètement désosser, et je découvris que son problème n'était qu'une toute petite goupille qui était cassé.
   Mais comment réparé cette goupille ? Et comment remonté tout le système ? Et comment espéré que cela puisse fonctionner ? Moi avec mes deux mains gauches....
   Je me mis à l'ouvrage en ce vendredi soir; et après avoir imaginé comment devait se passer la réparation, je me mis à l'ouvrage et, divine surprise, du premier coup, le piston de "roger le vieux" faisait son va et vient et son petit bruit du moteur électrique.

   Au matin, le test grandeur nature était prévu et dés que farfa eut passé le sas, les voiles furent hissées dans une superbement lumineuse matinée hivernale





Mais qui barrait farfa ? C'était roger le vieux qui avait repris du service.     

   

  
        

Et oui, j'ai maintenant DEUX équipiers égaux en compétence.


dimanche 25 novembre 2012

OUI, j’aime naviguer de nuit.........


Texte de Jean-François Deniau – V&V Avril 1979

   Deux avions, trois avions, la Chine, l’Inde, voyages, affaires d’état… Et la mer qui attend… Une feuille, quelques lignes, personne ne le voit écrire … Au bout de son stylo, Jean-François Deniau est parti. Ne dérangez pas le ministre du Commerce extérieur. Ce soir là, il est de quart. La nuit s’ouvre pour lui…..

   Toute traversée est une nuit. Partir, quelle que soit l’heure, c’est toujours une sorte de crépuscule. Derrière soi, le quai, la ville, les amis, la chaleur, la lumière. Devant soi, ce qui n’est pas connu. Pour un jour ou un mois, l’imprévisible, l’obscur, autrement dit la nuit. Et arriver, quelle soit l’heure, c’est toujours un peu une aube.

   Toute nuit est une traversée. D’abord l’heure trouble qu’ont ressentie tous ceux qui ont navigué. La nuit n’est pas encore venue mais le soleil est couché. On sent le froid à l’intérieur de soi. Parce qu’il fait moins chaud ? Non, parce qu’il fait plus sombre. C’est le moment du frisson imperceptible, de l’inquiétude vague, de la solitude, elle, plus précise et qui, un instant, pèse sur les épaules. Larguons les amarres du jour. Un léger pincement au cœur, comme quand le quai s’éloigne et que l’amarre tombée à l’eau est remontée à bord. Voici maintenant venir la double traversée, celle de la mer et celle de la nuit. Les êtres de cette terre, les formes familières, les certitudes réconfortantes une à une s’estompent et disparaissent. Voici venir maintenant la double solitude, celle de la nuit et celle de la mer. Seigneur, que j’aime naviguer de nuit. Peu à peu, chacun de nos sens va retrouver une autre habilité, une autre vie. L’œil, perdu d’abord, tâtonne dans le noir et enfin trouve son chemin. Le blanc d’une crête de vague qui déferle lui fait signe. Une étoile qui se balance entre deux haubans l’appelle. La main, aveugle, va aussi trouver sa route. La barre, dans la paume, la soutient. La résistance de la mer, comme la tendance du bateau à lofer, lui sont d’autres mains qui la guident. Et l’oreille ! Son règne commence. S’il fait beau, le bruit de l’eau contre la coque est une soie qu’on déchire. S’il vente, c’est le plain-chant de la mer qui s’élève. Une écoute qui bat, une voile qui faseille, une drisse qui claque. Vent arrière, c’est l’orchestre avec les stridences du vent et la basse continue de la mer qui roule sur elle-même. Vent debout, c’est le vacarme, tout craque et gémit, mais chaque craquement porte un nom. Ceux qui croient que la voile c’est le silence n‘ont jamais navigué à la voile. Comme elle se peuple vite, la mer déserte et la nuit où l’on est seul. La nuit, tout bruit est multiplié, renforcé, répercuté, toute distance agrandie de la dimension du mystère : tout contact devient surprise hostile ou geste amical. La nuit, tout est différent et plus rien n’est indifférent. Etre seul, à la barre, de nuit, ce n’est pas la même chose non plus. Le jour est quand même une sorte de compagnie. Désormais, il n’y a plus que la mer et son cercle autour de vous, plus près, plus serré, plus dur, doublé et renforcé du cercle de la nuit. Mais qu’elle va se peupler vite, la nuit sur la mer …. Passent dans la tête les songes demi-éveillés, des souvenirs, penser à lâcher le cunningham, des visages amis, qu’est-ce qui brinquebale encore en bas …. Pas de vastes pensées philosophiques, non, au risque de décevoir les âmes romantiques. Mais une sorte d’histoire sans queue ni tête, pleine de photos jaunies, de détail de cuisine, de jubilation vague, qu’inquiétudes techniques soudaines et dérisoires, de paix qui ne sait pas qu’elle est la paix. De temps en temps, le cockpit étanche prend la parole. L’eau qui siphonne vous interpelle. « gloup-choub bubletcouck » ou autres phrases qui m’ont toujours paru relever d’une langue ouralo-altaïque assez proche du turc. On lui répond. On se répond aussi, car assez vite on se parle sans plus très savoir si c’est en dedans de soi ou à haute voix. Parfois aussi une autre voix dit votre nom, net, précis. Comme elle se peuple vite, la mer déserte et la nuit où l’on est seul….. Antares peu à peu s’engloutit dans le noir de la mer. Dans le noir de la nuit, la Grue fidèle navigue de conserve à bâbord. Arctucus, pierre brillante jetée de la Grande Ourse, va sombrer à son tour. A l’Est, cette décoloration comme une maladie de peau, c’est l’aube qui gagne. Maintenant, on peut aller dormir. Oui, que j’aime naviguer de nuit.

dimanche 11 novembre 2012

Un Fécamp en Novembre

Un vent proche de l'idéal,
pour un aller retour Fécamp  


   Les prévisions, que cela soit du vent ou de la marée, prévus pour ce weekend des 10 et 11 Novembre étaient quasiment parfaites pour faire un aller retour à Fécamp; y aller et en revenir durant deux journées de navigation.
   Pour le vent nous avions le samedi un Sud Ouest virant Ouest de plus de 10 noeuds et le dimanche un Nord Ouest de même force; parfait que du portant, du largue au grand largue.
   Pour la marée, une basse mer en début d'après midi garantissait pour l'aller, si le départ se faisait en fin de matinée (juste avant la fermeture du sas), un courant neutre car traversier jusqu'au cap de la Hève, et puis légèrement favorable avec le début du flot; pour le retour, un départ à pleine mer en milieu de matinée permettait d'envisager un courant favorable de jusant jusqu'à ce même cap de la Hève suivi d'un courant de flot traversier jusqu'à l'ouverture du sas de Deauville.
   J’espère sincèrement que ces explications techniques seront compréhensibles pour les initiés et pas trop rébarbatives pour les non manchards; bref, les conditions de nav' étaient idéales pour un aller-retour Deauville Fécamp et cela sur deux jours.

   Je me suis retrouvé ce samedi matin pour réalisé ce trip, ce voyage; tout s'est déroulé comme prévu au niveau du vent et du courant; tout sauf la nébulosité; qui de variable est devenu franchement pluvieuse. Mais ces "gouttes de pleurs" comme disait Barbara ne purent m'enlever le plaisir de voir la navigation se déroulait comme prévu, au niveau du vent et des courants; ainsi sont les plaisirs des manchards toujours satisfaits de voir leurs prévisions de nav' être réalisées.
   Rendu à Fécamp, amarré au ponton visiteur, ma déception fut grande sur deux points: d'abord les pontons étaient très sales, avec la couche de "fient" déposée par les oiseaux marins; de plus je ne pus me ravitailler en eau, les robinets ayant été fermés. Stupeur et incrédulité: farfa était en panne d'eau.
   Un bon dîner au restaurant, avec du "poulet" de Fécamp" (filets de harengs) assez bons mais suivi d'une entrecôte qui, elle, n'avait eu le temps de décongeler avant d'être cuite; je retournais au bateau en essayant d'oublier cette incroyable catastrophe : farfa était en panne d'eau.

   Le départ du lendemain fut comme prévu (ah qu'il est doux de naviguer comme prévu !) avec un temps plus ou moins maussade mais le vent souhaité. Et le passage du cap d'Antifer se fit au près / bon plein avec le Noroit que la MTO avait annoncé.



  
          
Nous avancions bien,
dans un soleil presque hivernal



   Près de Deauville, le ciel est devenu nuageux / pluvieux
et j'ai eu droit à cette tentative d'arc en ciel.

   


Ainsi sont les nav' en baie de Seine.

lundi 22 octobre 2012

En Remontant la Seine

Un aller-retour
jusqu'au Pont de Brotonne

   Les prévisions météorologiques ne seront jamais une science exacte; pour ce long weekend d'octobre, car rallongé avec le vendredi, j'avais confiance en des prévisions de temps ensoleillé malgré le peu de vent; mais si le vent fut absent, j'eu droit, en guise de soleil, à une pluie qui n'a quasiment pas cessé durant trois jours.
Comment peut-on trouver du plaisir à naviguer en Baie de Seine dans ces conditions ? 

   Départ le vendredi en début d'après midi avec une fine pluie et tenace; ayant eu l'idée de reimpermeabiliser les deux parties de mon ciré avec une de ces petites bombes miracles, aucune goutte ne pouvait logiquement les traverser durant ces trois prochains jours.

   Sitôt sortie, je put faire cette vidéo
qui se passe de tout commentaire.



  Un peu plus tard, durant une improbable accalmie, se présenta le spectacle toujours étonnant du marérographe, vu ce jour à moins de 10 mètres ; rappelons qu'il s'agit d'un pylône  enfoncé très profondément dans le sable et / ou la terre, dans un des endroits où il y a vraiment des vagues, et dont la taille totale (hors de l'eau et sous l'eau) doit friser les 15 mètres.



   
   Arrivée à Honfleur au ponton visiteur en fin d'après midi. Durant mon frugal repas, je mettais au point le plan du lendemain, en intégrant les horaires suivants:
- La basse mer est prévue vers 10 heures au Havre, le flot arrive une heure plus tard à Honfleur; ce décalage de flot augmente au fur et à mesure que l'on remonte la Seine et les horaires sont précisément indiqués dans la brochure que remet le port de Honfleur.
- Les courants doivent être forts avec un coeff de 100, je dois pouvoir compter sur un bon 4 noeuds avec le flot.
- après 6 heures de flot, le jusant devrait démarrer vers 4 heures de l'après-midi
   En conclusion, et en intégrant le fait que la journée du lendemain serait (très) peu ventée; je décidais de faire un essai de remontée de la Seine au moteur, porté par le flot, et cela jusqu'au maximum possible; et puis de redescendre avec le jusant pour retourner à Honfleur avant que la nuit ne soit trop noire.

   Au matin, départ pour le sas de sortie de 11 h 30; après avoir payé mon du au harbour master qui est, à Honfleur une jeune fille très sympathique; à cela change du Havre où nous avons affaire à des "alcoolo-tabagiques" de la plus basse espèce !!! Bref à Honfleur on paye comptant et content.
  Sitôt sorti, et avec le moteur mis tout juste à 1 600 tours, j'ai le plaisir de me voir entraîner par le courant, et d'avoir le plaisir d'admirer la vitesse GPS accélérer,  et de se mettre rapidement vers les 8 noeuds; dans notre si belle baie, c'est toujours avec beaucoup de fierté que nous faisons des nav' avec le courant, content d 'avoir pu anticiper cette aide si naturelle, et très heureux d'augmenter notre vitesse grâce à la marée; la vue du GPS montrant 10 noeuds est du plaisir à l'état pur.


10 noeuds et le moteur à 1 600 tours
   Et on remonte vite avec un bon courant de flot; ce n'est qu'en passant près d'une bouée qui, retenu au fond de la Seine, nous permet de visualiser cette eau mouvante.



   La circulation n'est pas si facile quand on remonte la Seine, car d'autres engins flottants  de très gros cargos, la descendent; la règle est que le "gros" soit dans le chenal et le "petit" juste à l'extérieur.


   
   La remontée se poursuivit, dans cette ambiance si particulière dégagée par une après-midi grise et humide de la fin d'un mois d'octobre; et j'ai atteint le pont de Brotonne  le 3éme et dernier pont entre Le Havre et Rouen.



   Toujours de l'avant, vers l'amont, farfa continuait sa course; cependant, une question commençait à me tarabusquer ....... cette renverse de courant, ce passage du flot au jusant c'était pour quand ? Cela allait démarrer à quel moment ? Le temps, les heures passaient, et les signes de moindre poussée du courant se faisaient discrets; nous étions à 16 heures passées avec toujours du courant porteur, bien plus faible (un noeud au max) mais du flot; la décision de faire demi-tour fut prise; mais, en refaisant mentalement les calculs de courant, je commençais à craindre (prévoir) une arrivée nocturne.


Cinq heures me vit passer devant Caudebec,
avec comme réflexion : 
"toujours pas de jusant".




  La navigation, toujours au moteur à 1600 tours, se passait bien, belle balade dans ce nostalgique calme de cette douce et humide après-midi.



   Vite, au ponton pour un repos bien mérité après cette journée étonnante pour la balade, et assomante par le bruite continu du moteur.
  Bien a signaler pour le retour à Deauville le lendemain. 

dimanche 30 septembre 2012

Un "Le Havre Deauville" typique

Un virée classique
quand l'automne arrive

   Après avoir hésité et envisagé de faire Honfleur, le choix s'est porté sur un p'tit Le Havre, un comme tant d'autres, un de plus; pourquoi Le Havre ? Et bien tout simplement parce que l'on ne pas revenir à Deauville en fin d'après-midi quand on est parti en fin de matinée, il n'y a plus d'eau; et puis c'est une balade, on dort dans un autre port que le sien; enfin nous étions trois voiliers à rejoindre le même port, l'apéritif serait donc animé.
  Départ avant le déjeuner, pour avoir une longue après-midi de nav'; comme souvent, les prévisions sur la force du vent sont inexactes, et le petit 12-14 noeuds se transforme en 16-18 noeuds établis; ah !! Si j'avais mis la trinque tôle, j'aurais été mieux !!


  




   Avec ce beau vent, j'ai pu remonté au delà du cap de la Hève; et , vers les 5 heures, je remis le cap vers Le Havre, au milieu d'une foultitude de voiliers revenant au port après avoir régaté l'après-midi, ces croiseurs et des dériveurs; je suis croisé à contre bord par un groupe de 420 équipages féminins. Ah le quat' vingt !! toute ma jeunesse !!!
  Comme prévu, apéritif long et dîner copieux avec les matelots.

Mais qui a pris la photo ?


  Avant de quitter le port du Havre, j'ai bien attention à ne pas payer, il est dommage voir humiliant de laisser de l'argent au port le plus cher et le moins sympathique de la baie de Seine.
  Le retour se fit avec un vent de Sud Ouest virant lentement Ouest; au près tribord amures, farfa est parti du havre avec un cap 160°, quasiment vers le marérographe, et puis petit à petit le vent a adonné pour pouvoir tenir un cap 210°; cela s'est au milieu d'une nuée de voiliers qui régataient; et oui, quand le soleil brille et que le vent souffle bien, les bateaux sortent des ports de Deauville. 

dimanche 16 septembre 2012

Pétole à mi-Septembre

     Pour ce week-end des 15 & 16 Septembre, la météo prévue s'est réalisée; un bien ou un mal ? D'un coté, grand beau soleil (+++) et de l'autre pétole avec un vent qui n'a jamais durant ces deux jours dépassé les 5-7 noeuds.
    
   Pourquoi ce vent si faiblard ? Et bien entre un flux très modéré de Sud-ouest et des brises thermiques du Nord; le match fut assez équilibré; et nous eûmes, au final:
- une toute petite brise de Sud-ouest jusqu'à 11 heures
- une pétole total, un vent inexistant de 11 heures à 14 heures.
- une petite brise thermique du Nord-est de 14 heures à 17 heures.

     J'ai pu quand même rejoindre Ouistreham, en faisant la vidéo ci-dessous:


     Arrivé à Ouistreham, je suis resté au ponton d'attente; pourquoi rejoindre un port qui est devenu très cher et n'offre aucune commodités ? Je passerais de moins en moins le fameux sas de Ouistreham maintenant qu'en plus je gère mieux mon électricité.

     Le reveil du lendemain fut en deux fois, la première avant 8 heures pour laisser partir le bateau de plaisance à moteur auquel j'étais à couple, et une deuxième fois à 10 heures qui est mon heure normal de reveil. Le retour sur Deauville comporta un petit peu de voile; il fut agrémenté par le souffle d'un dauphin entendu deux fois, sa nageoire dorsale fut entraperçu, et puis il disparu dans les flots.

     La suite fut bercé par le ronronnement du Nanni qui me ramena à bon port.         

samedi 8 septembre 2012

Arromanches et son "port"

     "Ah, bon ? Il y a un port de plaisance à Arromanches ? Nous parlons bien du même endroit, Arromanches dans le Calvados, là où a eu lieu le débarquement du 6 Juin ? Non, je ne savais pas, je dirais même que je suis sur qu'il n'y à pas de "port de plaisance" à Arromanches; le seul port qui me revient à l'esprit a été celui que les Américains avaient fait de toutes pièces en 1944, mais depuis il a du être détruit pas les tempêtes."

     Si vous dites à votre voisin de ponton que vous aller faire une escale à Arromanches avec votre voilier, voila le type de remarque qu'il va vous faire: non, il n'y a pas de port à Arromanches, mis à part celui du débarquement.
   Et c'est vrai, il n'y a pas de port à Arromanches; il ne reste que les ruines de ce qui fut un des ports les plus étonnants qui soit, celui qui fut construit en quelques jours par les Alliés pour pouvoir débarquer du matériel et des hommes juste après le débarquement du 6 Juin 1944.
     Les instructions nautiques parlent d'un "abri précaire rapidement intenable" par vent du Noroit au Nordet; et ils ont raison ! Malgré le spectacle émouvant de ces grands caissons de béton, cet endroit ne mérite le nom d’escale que si les conditions météo le permettent, il faut un vent du Sud assez léger pour n'avoir que des petites vaguelettes et un petit coeff de marée pour ne pas se faire chahuter de droite à gauche par le courant traversier. 
     Justement, en ce samedi 7 Septembre, ces deux conditions étaient réalisés; et après être sorti d'un sas épouvantable comme seul la marina de Deauville peut en réserver lors des week-end Caraïbes en Normandie (quand je parle d'un sas épouvantable, le parle d'une multitude de bateaux plutôt moteur qui se bouscule sans aucune expérience ni savoir vivre ou plutôt savoir naviguer) je mis le cap sur Arromanches.
     La matinée avait été travailleuse avec: une amélioration de mon nouveau système d'écoute de Grand voile qui est passé du système "retour en pied de mat" avec 6 poulies simples au système "écoute continue sur les deux bords" avec 2 poulies doubles et 3 simples; voir la vidéo ci dessous.



     Les surliures d'écoutes de génois furent aussi refaites ainsi qu'un système d'accroche de spi asy permettant de se passer de bout dehors.
    Dès le Pylône Nord passé, et avec un p'tit Nordet tout à fait sympathique (c'est à dire inférieur à 10 noeuds et permettant à roger d'assumer tout seul) je lançais le spi asy, et le matelot "zoé" sous mon vent a pu prendre les photos suivantes; pour les non-voileux, sachez que l'on ne lasse jamais de photos de spi asy en général, et de SON spi asy en particulier !!!








Ah les belles photos
 
de beaux bateaux
 
conduits par de beaux skippers !

     Farfa taillait bien sa route et les miles défilaient durant cette après-midi pleine de soleil; je dois dire que je me suis rapidement rendu compte que mon nouveau système d'ammarage de "spi asy sans bout dehors" s'est révélé inadapté, la poulie du bras de spi se coinçant dans la ferrure d'étai; j'ai donc remis le bout dehors en mer, cela fut possible avec les conditions météo très favorables de cet après-midi.
      Les experts vont noter la différence entre la précédente vidéo et celle ci-dessous, pas facile quand même de s'y retrouver.




    Et puis je suis arrivé près de ce port, cette ruine de port, voir de ce port musée ou même ce port monument de l'archéologique de guerre; de cette vaste zone qui accueillit chaque jour des dizaines de bateaux, de Liberty Ships, de cet endroit qui a pu transformé une plage en fourmilière dont certains disent que son trafic a pu être durant quelques mois supérieure à celui de Rotterdam juste avant la deuxième guerre mondiale; de cette merveille de génie militaire il ne reste que des blocs de béton disposé en un grand rectangle, blocs suffisamment visibles pour pouvoir attirer des bateaux dans l'espoir d'un abri, mais si abîmés par les tempêtes que l'abri espéré se réduit à un mouillage en pleine eau, mouillage quelconque, si se n'est le plaisir d'avoir élu domicile dans une petite baie avec une belle vue sur de si nombreux oiseaux de Normandie, surtout ceux qui ont fait leurs nids sur ces historiques ruines.

     Ainsi vont les témoignages d'hier, les trésors futures; et je suis prêt à parier que d'ici quelques (dizaines ???) d'années, un mouvement "spontané" demandera un classement stupide voir une restauration impossible de cet endroit si nostalgique qu'est l'ancien port d'Arromanches.



         Enfin, j'ai planté la pioche, mis mon ancre dans un endroit marqué d'une ancre sur mon GPS, cela confirme qu'il s'agit d'un mouillage reconnu; et après un simili dîner / apéritif pris, le naturel a repris le dessus et pour le skipper, ce naturel est une bonne nuit après une belle journée de navigation.

     Il y a moins de choses à dire pour le retour; réveil à 7 heures et demi (beaucoup trop tôt !) moteur, envoi des voiles; mais le 8-10 noeuds prévu du Sud ne s'est pas matérialisé ou si peu, pendant de très brefs quart d'heure; sur les sept heures du retour il y a eu presque six de moteur, de plus avec un réservoir peu rempli, assez pour rejoindre la marina, mais suffisamment vide pour avoir cette sourde crainte de la panne de gasoil.

     Sas à 15 heures, le bateau en entrant, après avoir vu passer, sortant de ce sas, une interminable file de PCBN (Promène Couillon Bronze Nana).
    Une grosse chaleur m'attendait à la marina; et une ambiance comparable dans le train dur retour.


dimanche 2 septembre 2012

Week-End tonique début Septembre

     Deux  jours, un weekend complet avec farfa II; cela faisait près de deux mois (non plus de deux mois, le dernier weekend fut les 23 & 24 Juin) que je n'avais pas pris deux jours à Deauville; entre-temps, il y avait eu la grand nav' des Scillys; ainsi que les vacances. Le samedi fut plutôt morose; juste une petite sortie avec un temps nuageux et un vent faiblard; et en plus une petite pluie très fine, version bruine; un type de pluie qui  mouille peu, mais gène beaucoup la nav'; elle arriverait même à gâcher le plaisir d'être en mer. Cette fausse nav' fut suivi d'un (long) apéritif avec les Mettei & Morgane sur farfa.
    Heureusement le lendemain se présentait nettement mieux, avec un beau soleil et surtout un vent d'Ouest prévu régulier entre 10 et 14 noeuds au maximum; ce temps est idéal pour envoyer le spi asymétrique et faire quelques aller-retours devant Deauville.
     Sitôt dit sitôt fait, je me retrouve dehors, en train de gréer ce spi; je ne l'avais pas sorti depuis plusieurs mois, mais bientôt il est prêt et hissé en tête de mat; la cavalcade commence. Cavalcade car le fait de passer des 27 m² du génois aux 55 m² du spi, donne à farfa un "coup de pied au cul" magistral; mon fidèle destrier vole alors à des vitesses au delà de 6 noeuds, voir proche de 7 noeuds.
    Par chance, cet après-midi, je croisais à contre bord l'équipage du voilier Nolyca, et ceux-ci avaient un appareil photo de bonne qualité; et (oserais-je imaginer qui'ils furent éblouis par la beauté d'un 28 pieds ?) ils capturèrent ces moments d'efforts et d'émotion que je laisse au lecteur le soin de découvrir ci-dessous.








Ah ! Quelle beau voilier avec son capitaine courageux accroché à la barre ! Je remercie aussi l'auteur de ces photos d'avoir réussi à donner l'impression que je le rattrapais......alors qu'il défilait à contre bord.

mardi 7 août 2012

Sur la plage de Deauville ...

Que dire quand on a fait une grosse (mais finalement pas grave) bêtise ?


     Certes je pourrais philosopher sur le thème : "Naviguer en solo 311 heures c'est bien, mais il faut ne pas se relâcher à la 312ème heure." Cela serait un début d'explication à l'aventure qui m'arriva, en ce milieu de nuit, alors que mon port d'attache se rapprochait et qu'un relâchement dans la conduite de farfa s'était sans doute installé. Revenons aux épisodes précédents; si je reprends mon journal de bord je note : "23h15: RAS, ETA (estimated time arrival pour ceux qui ne maîtrise pas la langue de Shakespeare; en français: heure estimée d 'arrivée) 1 heure;  cette ETA est au Pylône Nord du chenal du port de Deauville; farfa avance à 5 noeuds sur un mer plate". Sans aucun doute une fin de navigation parfaite, fraise sur le gâteau d'une très belle croisière en solo aux Scillys.
    Et le matelot-skipper, après avoir écrit ces quelques notes, et tandis que farfa continuait sa route tribord amures, pensât qu'il pouvait s'assoupir quelques minutes sur la couchette tribord; farfa n'était que très peu gîté, cette couchette était parfaite pour un léger repos.

     Hélas ! Trois fois hélas !!! Cette assoupissement qui se voulait momentané, prévu pour durer entre 15 et 30 minutes, s'est transformé, sans doute à cause de ce maudit relâchement que procure la sensation de l'arrivée et de la promesse de ces visions de beaux souvenirs après une croisière agréable, en profond mais alors très profond sommeil. Hélas ! Trois fois hélas !!! Que se produit-il quand un voilier, guidé uniquement par un pilote automatique se repérant sur le cap magnétique, prolonge sa route vers son port d'attache, ne sachant pas que ce port est au-delà d'une plage, et que cette même plage est à la fois longue mais relève doucement son niveau comme celle de la grande plage de Deauville ?
     Et bien le voilier, mon brave farfa, continue sa route en ligne droite; et, sans pouvoir savoir que devant le port il y a cette plage, il va tout doucement, sans aucune brutalité car la mer était belle, se mettre au plein (il est certain que ce mot est bizarre et inadapté, mais c'est celui qui est employé dans le langage maritime quand un bateau se retrouve à terre involontairement) sur le sable de cette magnifique et très connue plage. Vers 1 heure du matin, endormi dans un sommeil que seule la très proche arrivée pouvait expliquer, j'ai tout d'un coup la sensation, dans l'état quasi comateux que quelqu'un que l'on aurait réveiller brutalement, que quelque chose ne va pas dans le rythme habituel de farfa quand il navigue; je me lève (écrasant au passage ma paire de lunettes qui était tombé par terre), et regarde par l'arrière ce qui se passe; et je ne comprends pas vraiment ce que je vois.
     Car quelle est la vision qui s'offre à moi ? Du noir d'abord, car il fait nuit; mais derrière le bateau cela a l'air  plus noir que noir, et puis ce bateau est tout secoué; serais-ce un orage subit ? Et un très fort clapot généré par une brusque montée du vent ?
     Sortant de la cabine de farfa et regardant plus précisément l’extérieur, une sensation  rapidement de plus en plus très désagréable commença à m'envahir ..... et si .............. Et si cette clarté noire devant moi n'était pas la mer  mais la terre......... Et si ce clapot dure et inhabituelle était .... 
     
     Nom de Dieu !!! Pute borgne !!!!! Et si ce mouvement était celui de la quille de mon brave et fidèle destrier raclant un banc de sable inconnue, non cartographié par le SHOM, non cela est impossible. Mais alors, et si j'étais malencontreusement et ignobablement échoué, au plein, sur la terre ferme; et si j'étais dans la situation qui est, depuis la nuit des temps, la terreur de tous ceux qui vont sur la mer ?
     Franchement, les mots de Conrad me sont revenu à l'esprit; "Un capitaine qui échoue son bateau a le droit pendant cinq minutes à penser à des idées de suicide".
     Au bout d'un nombre très brefs de secondes, et après un effort intellectuel tout aussi intense que la situation était risible, honteuse tout en restant non dangereuse du point de vue de la sécurité (car je compris aussi tout cela se passait à quelques mètres de la ville et qu'il me suffisait de mouiller mon short pendant 3 secondes pour me retrouver sur la terre ferme) je me mis à envisager ce qu'il fallait faire, et d'abord affaler et ranger les voiles qui claquaient au vent.
     Une fois cela fait en quelques minutes grâce à mes deux enrouleurs, génois et grand-voile; j'eus l'heureuse surprise que voir mon farfa se mettre spontanément face aux  vagues, face à la mer; et de constater que la mer, le clapot était somme toute assez réduit, de 15 à 20 centimètres et que le bateau, selon l'expression très proche de la réalité et des sensations du matelot, ne "souffrait" pas.
     Et je pris la VHF, et lançais (selon l'expression utilisée) un Pan Pan Pan sur le 16; que cela veut-il dire pour les non-inities ? Et bien le canal 16 est celui réservé à la sécurité en mer; et on peut y lancer trois types de message: Mayday veut dire risque sérieux pour une personne humaine; Pan problème technique important et Sécurité pour informer les autres. Le fait d'envoyer un Pan voulait bien dire aux services de secours que je (ma personne physique) n'étais pas en danger, mais que le bateau était dans une situation on ne plus désagréable.
     Dans les 5 secondes qui ont suivi, je reçus une réponse du Cross Jobourg (l'organisme qui surveille la mer de Dunkerque à Brest) un "vrai" professionnel qui m'a rapidement demandé de changer de fréquence (sur le 68 il me semble) qui s'est assuré que j'allais vraiment bien, que j'avais mon gilet de sauvetage (et oui je le porte à 100% en solo avec en plus une balise Sarsat-Corpas attaché à celui-ci); il ma' aussi demander de confirmer que mon appel était bien pour le bateau (pour mon farfa) ce qui voulait dire , en langage codé, que j'étais d'accord pour payer le renflouement, ou plutôt de dessouchement de mon voilier; j'ai été évidemment d 'accord, non seulement pour sortir mon voilier de cette position difficile, mais aussi pour ne pas subir la suprême humiliation d’être le matin suivant, d'ici quelques heures, la vue et la risée de quelques centaines de milliers de personnes sur la plage de Deauville.
     Je garde aussi le souvenir précis de m’être trompé sur ma position, et d 'avoir déclaré être devant la plage de Trouville, confusion excusable d'un pi’taine en situation de stress; mais la confirmation de ma position avec les coordonnées GPS fut sans aucun équivoque, j'étais bien sur la plage de Deauville, juste en face du mur de pierre qui délimite le début du port de la marina de Deauville; que se serait-il passé si les coefficients avaient été plus haut, et si la haute mer avait pu frôlé voir être sur ce mur de pierre  de granit ? On peut facilement imaginer un bateau en plastique détruit sur ces rochers, et le matelot courant se réfugier sur la terre ferme en sautant sur ceux-ci.
     Maintenant il me restait à attendre; et comme celle-ci est mauvaise conseillère, j'ai allumé mon moteur en imaginant que celui-ci pouvait lutter contre les vagues et aurait assez de puissance pour faire avancer une quille raclant sur du sable; je ne suis arriver qu'à déclenché l'alarme température, la prise d'eau de refroidissement se trouvait à l'air libre.
     Attendre j'ai donc continué, et bientôt est apparu la vedette SNSM de la base, avec ses gyrophares allumés; elle m'a rapidement vu mais s'il était clair qu'elle avait la puissance pour sortir farfa de ce mauvais pas, il était aussi sur qu'elle ne pouvait pas s'approcher suffisamment de moi pour me passer le câble, ce bout salvateur et l'accrocher sur mon farfa.
     Ils durent mettre leur zodiac à l'eau, et celui-ci vint me rejoindre en portant ce fameux câble; deux personnes étaient à bord, l'un d'entre eux monta sur farfa en tenant ce bout et l'autre ramena le zodiac vers la vedette.
     Prenant cette amarre  de 20 mm, je l'amenais vers l'avant du bateau pour le fixer sur un taquet; je commis alors une petite erreur en mettant ce bout sur le taquet tribord sans faire un brelage avec le taquet bâbord; on verra le résultat plus tard. Une fois ce bout mis, j'ai recontacté la vedette par VHF pour lui dire que tout était OK de mon coté et que la balle était dans son camp, dans la puissance de ces moteurs diesels.
     Et alors en seulement quelques minuscules secondes, dès que la vedette fut dans la bonne position, situation, avec le bon angle; le capitaine de la vedette mis les gaz et farfa fut tirer d'affaire, le sondeur commençant à relever des valeurs positives; farfa était à flot !!! Hourra pour la SNSM !!!
    A flot je mis le moteur en route, le laissant sur neutre, et j'avançais pour libérer le bout, en coordination avec la vedette qui se trouvait 30 mètres devant moi; et, comme souvenir de la puissance qu'il avait fallu déployé sur ce câble en "plastique", les clés que j'avais fait sur le taquet se sont révélés si serrés par la tension que j'ai du aller cherché une pince pour les défaire; je constatais aussi que la tension du bout sur un seul taquet avait fait ployer le balcon avant, il était tordu de 20 à 30° sur la droite, ce même balcon que j'avais fait refaire l'hiver dernier; finalement cela sera le seul souvenir matérielle de mon aventure.


Le tracé sur le GPS de farfa en plein dans l'estran 

    Une fois à flot, tout n'était pas fini, et comme on dit dans les livres, je peut vous garantir que l'on n'est pas à 100% de ses capacités après un choc de ce type, et je me sentais si peu sur de moi que j'ai voulu donner la barre au gars de la SNSM à bord !!!
     Je me suis ressaisi, et suivant la vedette, je rentrais dans la marina de Deauville; la vedette s'accosta au ponton visiteur, je me mis à couple, et les papiers de mon farfa furent donnés à un matelot qui me connaissait car il travaille sur le chantier de la marina; j'ai eu aussi l'impression que l'équipage de la vedette SNSM, en faisant son bilan à chaud, conclut qu'il manquait d'entrainement dans les actions de nuit.
   
    Le lendemain matin, j'allais au chantier pour payé mon dû (en effet le sauvetage des personnes est gratuit, mais le sauvetage des bateaux est payant), et je fus quand même surpris de deux choses: 


  1. la modicité de la somme (350 €) qu'il m'a été demandé de régler pour le déplacement d'une douzaine de personnes en pleine nuit.
  2. Le fait de découvrir que les assurances nautiques remboursent intégralement les interventions de la SNSM; cela est logique au deuxième degré, vaut mieux rembourser 350 € d'interventions que 3000 € de réparations; mais cela fait quand même drôle de se voir rembourser  le coût venant d'une erreur !!!

En résumé, l'entrefilet paru
dans Ouest-France le lendemain.



lundi 6 août 2012

Retour Deuxième Jour


In the Middle of Nowhere


     Cette journée a commencé très tôt (c'est cela le paradoxe des navigations en continu, le changement de journée n'est qu'un point administratif au milieu de la nuit) par une cette vision étrange du "Channel Light Vessel Automatic".
     Imaginez au milieu de la Manche, entre les deux rails où circulent les gros cargos et autres porte-conteneurs, un bateau ancré à vie, n'ayant ni la droit ni la possibilité de se mouvoir; et ce bateau d'environ 20 à 30 mètres porte un Phare de 12 mètres de haut qui délivre son éclat régulier: trois éclats toutes les 15 secondes; voir mon post précédent pour plus de détail.
     Mais au delà de cette vision, la même question me taraudait l'esprit: cette bascule de vent d'ouest, c'était pour quand ?
    A exactement 2 heures 45, le vent s'est progressivement mis à l'ouest en direction et 10-12 noeuds en force, cela m'a (enfin) permis d'éteindre le moteur qui, s'il me permet de garder les bières au frais, me transforme le cerveau en gelée de "je ne sais pas quoi". Cap est mis au 160° pour traverser au plus vite le rail à 4 heures du matin, et puis je suis revenu tribord amures (c'est le moto de cette croisière) cap à l'est.
     Durant le début de la matinée, un bruit étrange a commencé à m'intriguer puis m'agacer; il s'agissait d'un "klong" lourd brutal et très irrégulier, plutôt sur l'avant, plutôt vers le bas du bateau. J'essayais de m'assoupir, l'oublier et il se passait parfois 2 ou 3 minutes sans bruit et puis brutalement un ou deux "klong" retentissaient; une sourde inquiétude commençait même à voir le jour; et si, et si la quille était entrain de se désolidariser du bateau, car ce "klong" était parfois vraiment très fort.
     Reprenant mes esprits et essayant de faire fonctionner mes neurones en trouvant une logique, j'essayais de mettre au point un raisonnement; d'abord un objet fort, lourd; et puis cela cognerait contre la quille, al quille est bien le centre du problème.
     Tout en réfléchissant, je m'étais mis sous la capote, et tout d'un coup, en moins d'un dixième de seconde, une idée, eu départ très saugrenue, s'est fait jour: devant, je ne voyais plus l'ancre qui aurait du être sur le davier de mouillage, et si .. et si l'ancre s'était détache, et si elle avait entraînée de la chaîne, et si c'était cette ancre, dont le poids doit être de six kilos, qui cognait sur la quille .....
     Bingo, je mis ma longe sur la ligne de vie et m'avançait sur la plage avant pour découvrir que l'ancre n'était plus sur le davier, et le bout qui habituellement servait à la retenir avait été râpée, déchiquetée, et la chaîne était molle, ne retenant plus rien. Je repris cette chaîne sur environ cinq mètres et je pu remettre l'ancre dans le davier; de nouveau attachée par le reste du bout.
     Que s'est-il passé ? Et bien l'avant veille au soir, quand le harbour master a remis farfa sur corps mort, il avait remontée ,'ancre et fait une attache sommaire, que je n'ais pas vérifié; le cap'tain doit tout vérifier sur son boat. Durant la nav' de la veille et de la nuit, le bout mal mis à subit les oscillations de l'ancre qui petit à petit l'a réduit en miettes sur 2 à 3 centimètres; cela a libérer l'ancre du davier et irrésistiblement elle a entraînée la chaîne, par des mouvements de balancier du aux vagues; je constaterais plus tard que ces mouvements ont d'abord abîmée le gelcoat de l'étrave; et après un certain temps, l'ancre a cogné sur la quille.  Sherlock Holmes était content, et le matelot n'avait plus ces "klong" horripilants.
    Me dirigeant vers un way point au large de Cherbourg, et après avoir faits de nombreux calculs, je n'étais pas peu fière de ma navigation, en effet j'allais pouvoir bénéficier d'un courant favorable de 2 à 3 noeuds minimum; de plus, il était fort probable qu'il allait me déposer juste après Barfleur, et que le jusant allait me reprendre suffisamment loin pour être plus faible que le flot. Pour la deuxième fois en deux mois, j'allais faire les deux raz dans la foulée, dans la même marée.
     Le repas de midi fut des spaghettis bolognaise, la spécialité du cap'tain, agrémentée de harissa, avec un p'tit drame avant ce splendide repas : ma dernière Guiness fut renversée par un coup de roulis un peu plus violent que les autres; en effet j'étais grand largue, vent de Ouest Sud Ouest de 14-16 noeuds une allure où farfa avance bien et roule de même.
     Nous étions deux voiliers à naviguer sur cette cote ce matin-là, il y avait un First 31.7 arborant un drapeau belge, sous spi, manoeuvré en solo par un pi'tain de mon âge; nous étions sur une route convergente et, comme il était sous spi, je me suis écarté pour le laisser continuer sa route; il partit sur un cap franchement 70° voir 80°, remontant largement au Nord, alors que j'allais cap au 120° voir 130°, vers le chenal des trois pierres, pour couper au raz du cap de Barfleur et gagner la précieuse demi-heure qui me permettrais de m'éloigner de ce cap avant le jusant.
     A 13h30, je passais ce cap juste à temps, et la vidéo suivante est un bon reflet des réflexions et calculs qui sont, au final, la joie des manchards.


     Un vent parfait de Ouest, voir Sud Sud Ouest continuant à me pousser, agrémenté d'un beau soleil, le courant maintenant défavorable n'était pas un problème, et cap au 110° en ligne droite vers mon port d'attache; avec 20 noeuds établis, sous voiles hautes voir 1 riz, farfa avançait magnifiquement, dans le monde nautique on dit: "farfa tartinait", comprenne qui pourra.
     Toute l'après-midi se passa ainsi, entre un vent de 16 à 20 noeuds, et la (les) prises de riz correspondantes, réduction de voilures prise pour permettre à roger de maîtriser farfa.
     Vers 19 heures, et alors que je me préparais un frugal apéritif-grignotage-dîner, je notais sur le journal de bord :"très belle après-midi de nav', ETA une heure du matin".
     Vers 21 heures, alors que Deauville était maintenant en vue, j'ai pu voir deux beaux voiliers, style Imoca 60 pieds, naviguer à contre bord avec leur AIS actif; tout allait très bien, j'étais dans la dernière ligne droite, allez encore un tout petit effort et j'étais arrivé.......................... 


        

dimanche 5 août 2012

Retour Premier Jour

Le départ pour l'autre coté


     Jusque vers les 11 heures, de fortes averses se sont abattues sur Salcombe, vous savez le type de pluie qui permet, donne l'excuse, de rester longtemps sous la couette; de plus, dans mon cas, je pouvais me féliciter des dernières petites réparations faites récemment et qui empêchent les quelques gouttes traites d'arriver sur le duvet.
   Et puis, le temps s'améliorant; le harbour master est venu me réclamer son légitime dû; il reçut une bouteille de vin en prime pour avoir repositionner mon bateau la veille au soir; et Dieu seul sait comme un pareil cadeau rend heureux un Anglais !
     Rendu à terre, je refais une visite au superbe Yacht Club de Salcombe; c'est un espace rempli d'élégantes boiseries décorées de tableaux et de trophées qui sentent bon l'odeur du sel et des bateaux spécifiques de l'endroit; une Sharps (local ale) s’imposât dans ce décor "so british".



     Après avoir versé mon obole dans une tirelire du RNLI, et comme le départ, le retour vers la France était pour l'après-midi, il me fallait aussi penser à une solide restauration pour l'équipage de farfa; je choisis un fish & ships auquel j'ajoutais un chese burger; je ramenais le tout sur farfa et commençais à attaquer ce très (trop) solide repas que je ne pu pas (évidemment) finir; au final l'estomac était plein car le prochain vrai repas n'aurait lieu que dans .. deux jours.

     Le dernier effort avant le départ fut de remonter mini farfa à bord, avec la drisse de spi et de le dégonfler pour qu'il prenne moins de volume sur la plage avant.


     15 heures, départ, moteur en avant et en route vers la France; un direct Deauville ?Pourquoi pas, après cet aller si étonnant, on pouvait envisager un retour tout aussi marin ! Il fallait d 'abord quitter Salcombe, et je devais passer sur "The Bar" en fin de jusant, avec peu de courant et sans vagues, mais avec un vent orienté vaguement Sud.
     Il est toujours surprenant, dans ces fleuves, ces rias anglais, de voir le nombre de dériveurs qui tournent autour des voiliers de croisières en s’entraînant; ci dessous un exemple.
Dériveur avec ma gaffe au premier plan
     Vers la sortie, avec "The Bar" juste sur ma gauche, j'ai pris cette vidéo où on voit bien les petites déferlantes (le temps était magnifique) qui se forment sur ce seuil; imaginez ce que doit une coup de vent de Suroît, poussant de grosses déferlantes un soir d'hiver.





     Une fois dégagé de la cote, je mis le cap au 110°, vers Barfleur, que je devais atteindre en plus ou moins 24 heures; avec ce vent du Sud, l'allure était assez proche du près, tribord amures évidemment; mais j'attendais une bascule Ouest, avec un vent de l'ordre de 15 noeuds, qui devait m’entraîner très vite vers le Cotentin. Mais pour le moment, ce n'était qu'un vent du Sud et j'ais du assez vite naviguer à l'anglaise voiles hautes et moteur à 1800 tours.
     Toute l'après midi se passa dans cette attente, cette surveillance qui fut finalement vaine; le vent restait obstinément du Sud voir même du Sud Sud Est, un comble. Le seul fait intéressant à rapporter fut la casse de la cadène droite d'écoute de grand voile, cette pièce etait donnée pour plusieurs tonnes de résistance et elle se coupa en deux avec moins de dix noeuds de vent, comprenne qui pourra.
     Plusieurs semaines après l'action, il est désolant de lire un journal de bord, avec: "17h30 je remets les voiles cap au xxx°, 17h45, moteur en route le vent refuse"et cela jusqu'à tard dans la soirée; en fait de soirée j'ai aussi noté "9 nautiques en 3h30" oups quelle record de lenteur !!
     En début de soirée, je me sert un Ricard et casse un verre en verre; quel désastre sur un endroit si petit où on peut ou doit marcher pieds nus; j'ai rajouter dans mon journal "acheter des verres incassables en acrylique" .......

   Vers minuit, il est apparu que j'allais passer assez près du Channel Light Vessel; de quoi s'agit-il ? Et bien au milieu de la manche, entre ces deux rails où passent tant de grands navires, il y a une espèce de bateau ancré, qui est équipé d'un pylône auquel on aurait rajouté grande lanterne et qui joue le rôle de phare en mer; est-il habité ? Je ne crois pas; il éclaire de ses éclats les nuits des marins qui naviguent dans ces contrées.



     Qu'il est .. bizarre, spécial, angoissant, étonnant, de se retrouver en pleine nuit face à une ombre, quelque chose indéfinissable, étrange, dont on sait imaginer ce qu'il pourrait être en pleine lumière, mais que dont l'on est incapable de reconstituer la forme dans une nuit qui est cependant pas trop mal éclairé par la lune.



   Et nous sommes passés avec ce bateau-phare au jour suivant ............. 

samedi 4 août 2012

Falmouth => Salcombe

The light house of
Eddystones Rocks


   Juste avant le départ, et son p'tit dej' symbolique sur un truc qui bouge tout le temps, les renseignements météo n'étaient pas terribles : pluie et averses pour la journée et le lendemain, vent de Sud-ouest en attendant la bascule très attendue du jour d'après; ce constat me fut confirmé le quart d'heure suivant par une belle averse orageuse.
   Redescendant Fal River, je fis un essai moteur "à fond" pour valider et vérifier les performances de mon moteur + hélice maxpro + réparation de la sortie des gaz d’échappement fait il y a quelques mois. Le résultat fit sans surprise : si on pousse les gaz à fond, ou plutôt si met la manette des gaz au maximum, le régime pris pas le moteur est 2400 tours et la vitesse 6,4 noeuds. Mon nouveau compromis moteur + hélice permet de gagner de la vitesse à mi régime, avec 4 noeuds à 1500 tours et déjà 5 noeuds à un peu plus de 1800 tours, les 6 noeuds sont atteints dès 2100 tours, mais après la puissance du moteur ne peut plus être retransmise par l'hélice; et tout se stabilise à 6.4 noeuds; avec l'ancienne hélice, j'arrivais à 7 noeuds, mais à 3000 tours, et à 2000 tours j'étais à un noeud de moins.

   Passant assez prêt devant de Blacks Rocks, ce rocher qui garde l'entrée de Falmouth, sous une nouvelle pluie orageuse, j'écrivais dans mon journal de bord  "Mais qu'est ce que je fait là ?".



  
   Et quand je me retrouve en plein hiver, à visionner ces vidéos ou à voir ces photos, je me pose, assis ou allongé sur un canapé à deux pas de la tour Eiffel (enfin suffisamment prêt pour admirer le "phare", la lumière tournante de cette tour qui éclaire et illumine la vaste plaine de la ville de Paris) cette même question existentielle :" Mais qu'est ce je faisais la-bas ?"; et bien je ne regrette plus du tout ces averses, ces tourments météorologiques qui sur le coût m'avaient donnés cette sensation bizarre et compréhensible que je perdais mon temps sur un voilier au milieu de la baie entre Falmouth et Salcombe.

   Pour cette journée de nav', le but principal n'était pas Salcombe, ce port n'était que l'arrivée de la journée. Le vrai but était le phare d'Eddystone; pourquoi ? D'abord parce qu'il fut et restera le premier "phare en mer" c'est à dire phare, bâtiment construit par des hommes, situé en un endroit toujours entouré d'eau. Ce phare fut aussi l'objet d'une peinture, d'un dessin de Victor Hugo dont j'ai eu la chance d'avoir une des gravures originales; tout pour faire de cette construction un "must see" pour moi. 
   J'étais déjà passé plusieurs fois trop loin de phare pour le voir de mes yeux; et en ce matin maussade et pluvieux, cet objectif fondamentale m'habitait : je devais voir le phare d'Eddystone; et je mis le cap sur lui, en une ligne droite et directe.




   Ce fut encore une très belle nav', dans une superbe après-midi, avec un vent de 12-14 noeuds, une vitesse toujours au dessus de 5 noeuds, et un bateau bercé par une longue houle de Sud-Ouest; parfois le vent forcissait un peu, montant vers les 16 noeuds, mon farfa montait à 6 noeuds, le Phare d'Eddystone se rapprochait.
   Sur les photos en approche ci-dessous, les lecteurs vont remarquer qu'en plus du phare il y a un moignon un demi-phare devant.

Le plus ancien phare en mer du monde
   C'est qu'il y a eu QUATRE phares construits a cet emplacement, sur cet écueil appelé "Eddystone Rocks", avant que le quatrième résiste enfin et devienne, on l'espère, éternelle, le phare décapité que l'on voit est la tour de Smeaton, le phare numéro trois, trop solide pour être détruit mais pas assez résistant pour une des tempêtes de la fin du XIX siècle.
   Enfin j'étais heureux de voir de si prêt ce phare si mythique.


      Il est dit que la conception et construction du phare actuel (dit de Douglas du nom de son ingénieur) date de 1882, chapeau pour la qualité du travail. Allez encore quelques tofs:






   D'accord avec moi ? 


On ne se lasse jamais du spectacle
de ces grands phares en mer.

   Et la nav' continuait, une belle journée avec la traversée d'une bonne partie de la Cornwall britannique; j'arrivais en vue de Salcombe vers 19 heures, un horaire beaucoup sain que la dernière fois où j'étais arrivé vers une heure du matin. J'ai du faire +/- 50 nautiques durant cette journée, une belle moyenne avec un vent portant de Sud Ouest de 14 noeuds en moyenne, et une houle régulièrement irrégulière qui m'a fait noté : "cela roule dure".
  La grand voile fut affalé, de manière à passer le seuil, appelée The Bar, calmement et bien visualiser le passage; car on passe de 20 mètres à 4 mètres très vite.


   J'ai rejoint le milieu de la rivière, et comme tous les corps morts, j'ai planté la pioche à un endroit dont  je pensais qui'l était OK; et j'ai vite pris mini farfa pour m'en aller quérir un bon pub.
   Surprise au retour, farfa avait été déplacé sur un corps mort, le mouillage remonté et soigneusement rangé; cela voulait que le Harbour Master avait considéré mon ancrage comme fautif... On verra demain.