Les balades de farfa II

mardi 26 mai 2009

Retour 2ème journée

De nuit sous BMS


   J’avais bien trouvé le rythme avec un réveil toutes les heures grâce au minuteur ; à chaque fois je jette un coup d’œil sur le radar qui est bien réglé sur son mode alarme car, enfin, je maîtrise ce réglage; de plus les voiles ont droit à un nouveau réglage régulier. Le vent forcit, passant de 20 à 25 nœuds; et je me mets sous grand voile et génois à un riz et puis deux riz, ce passage au deuxième riz est d’ailleurs assez sportif mais roger tiens très farfa qui, avec le courant de flot, cavale de plus en plus vite, toujours entre 6 et 7 nœuds voir 8.
   Avec le temps qui est devenu pluvieux, j’ai droit à mes premières alarmes radar dues à des zones de pluie qui sont parfaitement repérées. Entre 3 et 4 heures, nouveau réveil due à l’alarme radar ; et j’ai la surprise de voir un « gros truc éclairé de partout »; je fais une tof, et essaye de garder ma peur pour moi.





  Dans la nuit, je me trompe sur sa route et sur son feu rouge, et je fais demi-tour; avant que tous rentre dans l’ordre ; j’aurais du me souvenir « rouge sur rouge rien ne bouge ». Le BMS est annoncé et répété sur le 16 à partir de 4 heures du matin; le vent est devenu très tonique, 25 nœuds établis et de longs rafales plus fortes, orienté d’Ouest à Ouest-Nord-Ouest; mais farfa tient très bien le coup.
  Au petit matin, j’avance toujours aussi fort, cela tartine malgré la mer qui a grossie; mais tout est incroyablement OK sous deux riz grande voile et génois, et farfa fait une belle chevauchée ; très au large de l’Antifer, 3éme alarme radar avec un cargo qui a une route type Le Havre Fécamp.
   Durant la matinée, vent et pluie sont bien au rendez vous; avec mes deux riz grand voile et génois, farfa tiens très bien le coup ; j’ai droit à des quasi surfs sur les vagues ; la vitesse maximum de 9 nœuds est tenue pendant quelques secondes !! Je fais une vidéo mais on ne voit pas l’intensité des vagues.




   Vers 10 heures, le vent se calme, et je peux larguer un riz du génois ; l’arrivée à Deauville est sportive, il est bien précisé, dans les instructions nautiques, que l’accès à la rivière de la Touques est fortement déconseillé par tempête de Noroit, cela pouvant provoquer des déferlantes dans ce chenal ; ce sont justement les conditions de ce matin ; seul point positif, nous sommes en tenue de plein, donc à l’étale, et il doit y avoir peu de courant.
   Enfin, après quelques beaux coups de roulis, et quelques larges lacets, farfa tourne à droite vers la marina, et puis voilà le sas grand ouvert qui m’attend, farfa est a son ponton.


C'était mon premier "express" Deauville Cowes.
250 nautiques et deux nav’ de nuit;
 avec un météo allant
de la pétole tropicale
à la tempête hivernale.

lundi 25 mai 2009

Retour 1er journée

En attendant le BMS



   Le reveil du matin montrait une pluie fine, tenace, déprimante et typiquement britannique; mais le ciel finit par s’éclaircir et, vers les 11 heures, tout le petit monde des bateaux à couple est parti quasiment en même temps.



   Ah l’incroyable capacité des anglais à partir d’un ponton à plusieurs ! Cela donne un vrai ballet de manœuvres ou chacun connaît son rôle, et cela sans se dire un mot.



   Je pars moi aussi en début d'après-midi en sachant très bien que la pétole va m’accompagner une bonne partie de la journée, mais qu’un BMS d’Ouest à Nord-ouest est prévu pour le milieu de la nuit et la matinée suivante. Me présentant un tout petit peu trop tôt dans le Solent, d’une heure pas plus, je dois refouler la fin du courant de flot ; mais cela me permit de profiter de l’étale de pleine mer aux Needles, avec peu de vent et mer d’huile, et de faire une (très) belle vidéo de ces trois dents ou aiguilles.



      Et puis car au 140°, avec un courant de jusant légèrement défavorable dans le vent faible ; le résultat est une alternance de voile et moteur jusqu’au milieu de la nuit, vers 11 heures voir minuit. Durant cette période je ne que trois ou quatre voiliers rentrant sur Cowes.
   Le passage des rails s’est fait à la nuit tombante, avec une légère brume ; et le radar est mis route pour bien repérer tous ces cargos. Enfin vers minuit, la bascule Ouest arrive enfin, et le vent s’établit en se renforçant minute après minute : 10, 15 et puis 20 nœuds. Le moteur est enfin coupé et farfa s’envole à plus de 5 nœuds sur voiles seul.

dimanche 24 mai 2009

Entre Cowes et Lymington

In the Solent

     Le lendemain, en me réveillant, je découvre à couple de farfa un autre bateau;  habitué aux voiliers anglais si bien entretenus, je suis étonné de découvrir une quasi épave comme je n'en que j’ai rarement vu ; c’est un sailmaster (équivalent d’un petit westerly centaur), l’équipage se compose du père et de ses deux fils qui ont, par exemple, un vieux ventilateur rouillé en guise de pseudo éolienne.


      Petite visite dans Cowes, avec arrêt et recueillement devant la boutique « Beken of Cowes » ; elle est fâcheusement fermée car « Sunday Close » œuf corse.


     J’ai aussi repris le chain-ferry, et entendu son bruit à la fois nostalgique et insupportable, mais si utile pour aller vers Cowes East. Au retour je m’achète un ensemble short plus T-shirt Musto Rouge, la couleur de farfa, ainsi qu’un nouveau matereau arrière en acajou; c'est toujours lui qui me sert à montrer le drapeau tricolore, celui de la marine qui n'est pas 33/33/33 mais 37/33/30.

Les canons donnant les départs de régate
   Déjeuner en face de la Marina, dans un très ancien pub, le Pier View; et puis départ vers Lymington, juste en face un peu vers l'ouest, avec le courant favorable de jusant et peu de vent ; les voiles sont hissées et rapidement rangés car courant plus moteur à 1800 tours m’entraînent à la vitesse de 8 nœuds vers ma destination.
    En arrivant près de Lymington, je passe devant un pylône en mer dont le nom est très exactement « Jack in the basket » ; une petite explication sur cette appellation, elle vient du guide Cunliffe. Dans les temps anciens, le temps où la pêche se faisait à la voile, la tradition rapporte que les femmes de marins venaient mettre le casse-croûte de leur marin sur ce pylône à la sortie du port ; ainsi ceux-ci pouvaient venir prendre leur « basket » ou panier à la volée et recommencer à pêcher dans la foulée, tout en ayant la satisfaction de prendre le bon repas comme à la maison ; d’où le nom de ce pylône à l’entrée du port de Lymington. Le chenal qui suit est très bien balisé, et les nombreuses boucles ont embouquées sans problème. Par contre, je n’arrive pas à trouver un ponton visiteur dans la première grande marina à bâbord. Remarquant que de nombreux bateaux sont amarrées à des corps mort « devant- derrière » et avec des pare-battages sur le coté extérieur, j’imagine qu’il est permis voir recommander de se mettre à couple ; et c’est ce que je fais.
    Mais le harbour master arrive et me demande si j’ai une annexe ; après ma réponse négative car mini-farfa n'était pas gonflé, il m’emmène au ponton visiteur; imaginez deux places cote à cote sur un petit ponton, avec les bateaux qui se mettent à couple. Je me retrouve rapidement le 3ème de 5 bateaux ; le prix est quand même modéré pour la cote sud : seulement 13 livres.

farfa troisième sur les cinq voiliers à couple

    S’en suit une petite balade en ville sous une chaleur écrasante qui devient écrasante, et cela en Angleterre au mois de mai avec un BMS à venir. Le dîner se passe au pub en face du port avec comme commande l’habituel burger double, la surprise est venu d’une bonne bière qui nous venait d’Italie.

samedi 23 mai 2009

aller vers Cowes 2ème jour

Arrivée à Cowes

     En fin de nuit, alors que nous approchons des rails dans la très pale couleur rose orangé d’un lever de soleil sur la Manche avec un vent d’est faible et une mer d’huile; le spectacle d’une trentaine de voiliers à contre sens régatant sur le parcours inverse du mien apparut ; et oui ils font la course Cowes-Deauville; et pour eux pas de moteur, pas de risée Nanni ou Volvo.
     Vers les 9 heures, le vent est revenu; le moteur fut éteint et le spi asymétrique envoyé. Léger petit déjeuner dans un vent d’est-sud-est de 10 à 12 nœuds ; cela avançait bien, le nouveau bout dehors résiste, il travaille cependant aussi un peu en souplesse et prend parfois des angles étonnants. Vers 14 heures, je fais bonjour très amicale à la très célèbre tour Nab ; mais que se passe-t-il ?
   Elle semble bien malade avec son cerclage en poutrelle d’acier. Cela fait exactement 100 nautiques depuis Deauville en plus ou moins 24 heures; la moyenne, pénalisé par le manque de vent, est 4,2 noeuds. 

La tour Nab en réfection

     Le chenal du Solent Est est embouqué peu après, le courant passe de neutre à légèrement contraire ; dans ce type de situation (avoir plus ou moins prévu d’arriver à la renverse du courant), le skipper est assez heureux voir fier de lui et de mes capacités à calculer les marées. Mais le vent faiblit et je remets le moteur en face de Ryde.
     Juste avant l’entrée de Marina River, deux voiliers se sont échouées près de la cote, sur un banc de sable; on peut facilement imaginer qu’ils aient été en train de régater bord à bord et que, l’œil rivé sur l’autre, ils en aient oublié de regarder le sondeur. Ensuite ils se sont fait prendre par le courant de jusant sur un des nombreux et traîtres bancs de sable de cette partie du Solent.


   L'arrivée au Haven Yacht Club se fit vers les 18 heures, bien sur au ponton visiteur mais coté intérieur; et cela après une belle manœuvre au moteur pour me mettre dans le petit trou de souris entre plusieurs voiliers à couple dont un catamaran. Cette arrivée est suivie d‘un repas délicieux et copieux face à la mer ; un peu même trop copieux avec deux « meals » ou plats principaux « burger special » et puis « crab cake ». Enfin, je n’avais pas fait de vrai repas depuis presque 36 heures ! Est-il utile de préciser que je suis dans ma couchette dès 8 heures ? 7 heures en local, et cela pour une nuit très réparatrice.

vendredi 22 mai 2009

Aller direct vers Cowes : 1er jour

Le vendredi 22 Mai,
nous y voila !

     La matinée est très chargée; je n’arrive que le matin, vers 11h30 heures et le sas est prévu pour fermer à 13h30 ; farfa II est rapidement préparé, le plein d’eau fait ainsi que les courses au supermarché; puis je prends une bonne platée de spaghetti chez Bertella et je quitte le ponton à 12h30. et là, mauvaise surprise, le sas vient juste de fermer et je dois faire des ronds dans l’eau pour attendre l’ouverture suivante, j’en profite pour faire le plein de gasoil. Alors que l’heure limite de sortie de Deauville est fixée à 13h30, je quitte le sas à 13h10, pour une nouvelle séquence émotion.
     L’œil rivé sur le sondeur, j'essaye de garder farfa sur la partie la plus profonde du chenal, partie gravée qui doit être gravée dans mon cerveau reptilien, car il ne faut surtout pas échouer farfa II ; cela consisterait d’abord un contretemps fâcheux pour ma croisière mais aussi une honte gênante voir insupportable.
   Cela passe, même si pendant une cinquantaine de mètres, je n’ai eu que seulement 30 centimètres d’eau sous la quille, et je suis enfin dehors. Cap au 360°bâbord amures dans un petit Noroît de 6-8 nœuds et grâce au courant de jusant, je suis lentement dépallé vers l’Angleterre par ce bel après-midi ensoleillé.

La vie est belle dans on va vers l'Angleterre

     Navigation très tranquille durant toute l’après-midi, comme je les aime ; vers 19 heures, le vent vire lentement vers le NE, toujours aussi faiblard ; pour le suivre, je vire de bord et repart tribord amures. Et puis, car même si j’ai le temps, il faut cependant avancer et le moteur est mis vers 21 heures, 1800 tours pour 4,8 nœuds.
     Superbe nuit sans nuage, ciel étoilé de 10 000 étoiles; et cela même si l’humidité tombe vite et mouille tout. Je me mets au rythme d’un réveil toutes les heures bercé par le bruit du moteur.

jeudi 21 mai 2009

De Deauville à Cowes d'une seule traite.

Comment aller à Cowes
en partant 
de Deauville.

   Depuis déjà quelques temps déjà, une idée me travaillait : pour aller en Angleterre et plus particulièrement à Cowes, en partant de Deauville, il me fallait faire :
  • soit Deauville puis Saint Vaast la Hougue, Cherbourg, et enfin Cowes ; au final trois grandes journées de navigation avec, à chaque fois, un départ vers 7 heures du matin ; de plus le détour vers Cherbourg rallonge la route.
  • ou alors Deauville, Fécamp, Newhaven, soit deux jours de navigation; mais il faut rajouter une ou plusieurs journées pour faire route vers l’Ouest et rejoindre Cowes, et on a le risque de se faire bloquer par des vents d'Ouest. 
     Ces deux options sont longues, durent entre deux, trois, voir quatre jours et rajoutent des miles par rapport à ………… la route directe, bien sur ! En jetant un coup d'oeil sur une carte, la route la plus simple pourrait être la route directe: une ligne droite relie Deauville et Cowes. Oui mais la distance est de 120 nautiques, soit un temps de trajet de 24 heures à 5 nœuds et de 30 heures à 4 nœuds. Le plan "route directe" impose une « nav’ de nuit ».
     Cependant, en étudiant ce trajet d’un peu plus près, on peut imaginer qu’avec un départ de Deauville fin de matinée, on abordait les rails vers 5 heures du matin, et on pouvait arriver à Cowes vers le milieu de l’après-midi.
     Et pour le retour, avec le même départ fin de matinée, les rails sont traversés en début de nuit et l’arrivée se fait la aussi en milieu d’après-midi. Enfin, s’habituer à faire des navigations de nuit en solo en Manche est un nécessaire et important entrainement pour pouvoir envisager de rallier un jour, qui j’espère est proche, ce mythique phare du Fastnet qui constitue toujours pour moi un Himalaya à atteindre.

Le vendredi 22 Mai 2009, nous y voila !