Les balades de farfa II

samedi 2 décembre 2006

Ah !! Le maudit banc de sable


Quand un échouement
(déjà lamentable)
vire au ridicule absolu


   L'après-midi avait pourtant bien commencé; et, en ce frais début d'après-midi hivernale, j'étais décidé à faire un aller-retour vers Honfleur, en savourant ces luminosités que seuls ceux qui connaissent la Baie de Seine l'hiver savent apprécier.

Soleil rasant en Baie de Seine l'hiver
     Bien sur, en voulant sortir de la marina de Deauville à la fin du jusant, je savais qu'il me fallait aller vite, sortir au plus tôt du port pour ne pas risquer de racler ma quille sur le banc de sable de la sortie; j'étais déjà sorti de très nombreuses fois à marée descendante.

     Je me présentais donc à l'écluse, la porte s'ouvrit et je sassait; en sortant de l'écluse, j'ai augmenté le régime du moteur pour sortir rapidement, et je suis passé entre les deux séries de bouées qui délimite la route qui nous entraînent vers la rivière Touques; cela constituant la sortie commune des ports de Trouville et de Deauville.
     Il y avait le banc de sable sur la gauche, je le connaissait bien; il suffit de légèrement passer, forcer un peu la route sur la droite pour le parer et l'éviter; j'avais fait cette manœuvre des dizaines de fois.

   Hélas (trois fois hélas comme disent les poètes), ce jour là, je suis passer sans doute juste 2 à 3 mètres trop à gauche (ou pas assez à droite) et le courant que produit le fleuve la Touques qui se vide au jusant m'a un peu plus que d'habitude déporté sur la gauche; et puis soudainement, ou plutôt assez lentement, durant quelques terribles secondes, j'ai bien senti que ma quille raclait ce satané sable qui est la terreur des marins en Baie de Seine.
   Immédiatement, et en cela confiant dans la puissance des 21 chevaux de mon diesel, j'ai enclenché une marche arrière toute; mais cela était déjà trop tard, entre le courant de la Touques qui me poussait, les phénomènes d'aspiration d'une quille qui s'ensouillait, c'est à dire qui faisait  son trou dans le sable, et la puissance de mon moteur, le match était perdu d'avance.

farfa faisant sa souille


   Un p'tit coup de VHF à l'éclusier, il me confirme que je suis planté, et qu'il ne reste qu'a attendre ... attendre quoi ? Mais la prochaine marée de flot, c'est à dire entre 4 et 5 heures.


   J'ai pensé à (re) mettre les pare-battages pour amoindrir le contact du la coque avec le sable, j'ai aussi mis la pioche pour être sur de ne pas me laisser entraîner lors de la remontée de la marée; et j'ai assisté au spectacle hideux de son voilier se penchant lentement, se couchant sur son coté avec le bruit de l'eau qui courre le long de ses flancs.
     Au bout de deux heures, je suis sorti du bateau, et pris cette photo de mon beau bateau couché sur le sable, avec la quille qui a fait, grâce au courant de la Touques, une belle souille.
Que voit-on derrière ?
   Je n'étais déjà pas fier, ayant, par exemple du me signaler au sémaphore de Trouville; mais quand la marée fut au plus bas, je crut entendre, de l'intérieur de mon voilier, des bruits de gros moteur diesel; surpris et interloqué, je suis sorti et j'ai pu apercevoir le spectacle surprenant d'un engin de terrassement, d'une grosse pelleteuse suivi d'un tracteur tirant une remorque vide.
     Que venaient-ils faire sur ce banc de sable maintenant bien découvert ? Venaient-ils pour me dégager ?
     Non, mais je vois la pelleteuse faire ce pourquoi elle est conçue, c'est à dire prendre des pelletées de sable pour les mettre dans la remorque. En un éclair je comprends ! Je me suis échoué le jour prévu par le port pour réduire la taille de ce banc de sable !


   Ah ! La bien étrange bien d'après-midi qui m'attendait: mon farfa couché sur le coté, quasiment posé sur un monticule, un château de sable qui, au fur et à mesure que la pelleteuse enlevait le sable, donnait l'impression de s'élever.


 

   Enfin, les plus cruelles situations ont toujours une fin; et la marée est (enfin) remontée, le flot tumultueux des grands coefficients est venu et, en l'espace de quelques minutes, farfa s'est relevé.

Au final, je n'avais été qu'une des nouvelles victimes

de ce maudit banc de sable.