Les balades de farfa II

jeudi 9 août 2007

Retour des Scillys

Le lendemain matin, c’est en effet le départ, assez tôt vers les 8 heures; d'abord direction le Nord des iles Scillys. J'ai droit  au splendide spectacle des vagues océaniques, celles qui se sont formés très loin à l’ouest, et qui, après avoir parcouru des centaines de miles, viennent déferler sur ces roches toujours nombreux des iles Scillys. Cependant, la navigation se passe sans problème, cap à l’est vent portant, avec l’idée de parer Land's end et de gagner un port juste derrière ; quel port vais-je choisir peut-il s’agir ? Penzance ou Newlynn ?

Au final, en milieu d’après-midi, je me décide pour Newlynn. La phase finale d’approche du port se fait sous une pluie fine et persistante, ciré capelé, descente de roof fermé et moteur en marche. Enfin, vers 5 heures du soir, je trouve ma place à un ponton. Etonnants ces pontons du port de Newlynn, en effet ce port est d’abord un port de pêche, et l’espace entre les deux catways correspond à deux chalutiers soit 3 voiliers !


Je me suis donc mis entre deux voiliers, je garde le souvenir d’avoir un peu triché pour récupérer une prise à quai, c’est la vie. Sitôt amarré, je parcours la ville, assez petite ; Newlynn est vraiment dédié à la pêche, avec tout le coté industriel que cela entraine ; ce port porte aussi toujours le deuil du « Newlynn disaster » ; au début des années 80, un bateau de sauvetage de la RNLI (équivalent britannique de notre SNSM) a été perdu corps et bien avec une dizaine de matelots pêcheurs à bord, en portant secours, durant une tempête hivernale, à un cargo en détresse. Je repère un bon pub, le Red Lion, il n’ouvre qu’à 18 heures ; ah, que j’ai patienté, une fois de plus, la faim au ventre après une bonne journée navigation au cours duquel j’avais plutôt grignoté que m’être véritablement nourri.
En attendant l’ouverture, ballade dans cette belle ville. Plus tard, le diner de 18 heures sera parfait et suivit, comme d‘habitude d’un sommeil dés 20 heures. Le lendemain, je suis réveillé dès 7 heures du matin, en effet le voilier à coté duquel je m’étais mis à couple veut partir ; c’est la règle du jeu, le bateau à couple doit libérer le passage au bateau auquel il s’est mis.
Ce voilier est skippé par des hollandais, ils comptent se rendre à la rivière Yealm, une longue journée de navigation pour enx. Après les avoir laissé partir, je m’amarre de nouveau au catway. Le petit déjeuner pris, je vais faire des courses, mais je ne suis pas arrivé à payer ma nuit au port !
Personne au comptoir, faut dire que les voiliers visiteurs sont rares à Newlynn. Départ avec un grand beau soleil, au loin sur bâbord, superbe vue du … Mont Saint Michel ! Et oui, il y a dans ce golfe le frère de notre Mont Saint Michel, qui plus est il porte le même nom « St Michel Mount » et il aussi relié à la terre par un isthme très étroit, naturel sans aucun doute.



Pour moi, le cap est mis sur le Cap Lizard, avec son phare qui sépare la baie où je suis et la suivante où se trouve les ports de Portsmouth et Falmouth, et j’ai prévu de m’arrêter à Falmouth.
Belle journée de navigation, largue à grand largue tribord amure dans un vent de sud-ouest compris entre 10 & 15 nœuds, j’ai très vite mis le spi asymétrique qui a été conservé toute la journée. Au passage du Cap Lizard, j’ai régaté avec un autre bateau, plus grand que farfa II ; et entre mes talents de barreur et ceux de « roger » mon fidèle ST 4000, il n’y avait pas photos ! Dés que je prenais la barre, je rattrapais l’autre voilier, et dès que je rendais celle-ci à « roger » et bien je me faisais lentement reprendre.


Une fois le cap Lizard passé, avec son très fameux phare qui joue le rôle d’alignement pour tous les records de tour du monde ou de traversée de l’atlantique, cap vers le nord-est pour prendre la direction de la prochaine étape Falmouth ; je passe devant Helford river et me dirige vers la très large entrée de la Fal river, mais attention il y a un joli rocher juste au milieu, bien signalé mais au milieu.


Je me dirige vers la partie principale du port, à bâbord de l’entrée et jette l’ancre dans la zone plus ou moins réservée aux voiliers de passage; sitôt la pioche au fond, une très forte averse me surprend à bord.



La pluie finie je me dirige à terre avec mon annexe, direction le pub du soir dans le quartier ancien repéré dans mes instructions nautiques.
Une fois bien assis, ayant commandé un gros hamburger du soir avec sa bière, j’ai la surprise d’être interpellée par une jeune femme qu’ j’avais connu au boulot entre 1995 et 2000, et qui visite la Cornouaille avec son époux ; nous faisons table commune.
Une fois le repas terminé, je les invite à prendre un cognac à bord.
Le lendemain, je décide de faire le plein de gasoil, en prévision du retour avec la traversée de la manche ; cette décision n’a pas été bonne, car d’une part j’aurais pu faire le plein de gasoil lors de l’étape suivante à Salcombe et d’autre part, le ponton-station service à coté de mon mouillage est vide, on m’indique une marina plus haut dans le fleuve, j’y vais en une demi-heure et je dois attendre encore une autre demi-heure pour que quelqu’un vienne ; au final je ne sort de Fal river que vers 11 heures.
Durant cet aller-retour, je suis étonné du nombre incroyable de voiliers sur corps mort, en plusieurs rangées sagement alignés, il doit un avoir plusieurs milliers de voiliers ancrés dans Fal river

En sortant, beau spectacle d’une goélette américaine ancienne type America, et cap à l’est vers Salcombe !


Cette route me fait passer au large de Plymouth, et une deuxième en deux semaines très loin du fameux d’Eddystone pour vraiment le voir et en prendre une photo souvenir.
Belle navigation, avec un vent du Nord, qui lentement grimpe vers les 15 à 18 nœuds ce qui me permet de bien avancer sous spi asymétrique. Incident mineur avec ce spi, la garcette du guindant, qui maintient celui-ci plus raide, s’est défait, et les 10 à 12 mètres trainent dans l’eau !
Oups, je ramène le spi asymétrique, le rentre dans le bateau en me demandant comment remettre cette garcette dans son conduit, un peu comme remettre un élastique d’un pantalon de pyjama, sauf qu’au lieu de mesurer 50 centimètres, j’en ai 10 à 12 mètres à faire lentement coulissé.
La route est longue, il y a plus de 12 heures de navigation entre Falmouth et Salcombe, et comme je suis parti après 11 heures, j’arrive de nuit, vers minuit devant l’entrée de Salcombe.
Au départ, j’étais quand même assez confiant, mes deux jeux d’instructions nautiques étaient précises, et me confirmaient que l’entrée de nuit était possible ; cependant, quand je me suis présenté, après minuit, dans le passage, en cherchant à la fois le feu directionnel rouge-blanc- vert tout en surveillant le sondeur pour passer sur le seuil appelé « the bar », et bien je m’en menait pas large ! D’abord, le feu n’’était absolument pas si simple que cela à repérer, entre toutes les lumières de la nuit, et puis, comme je venais de l’ouest, il fallait reconnaître d’abord un feu rouge, puis attendre qu’il se transforme en blanc, avant de mettre cap au nord ; j’’étais bien évidemment au moteur, inutile de rajouter en plus les problèmes de réglages de voile. Ah ! Que j’ai reporté de nombreuses fois ma position GPS sur la carte, avant de demander à roger de mettre cap au nord, en n’étant pas complètement sur que la lumière blafarde que j’avais repéré était vraiment ce phare d’approche !! Sans oublier ce seuil qui approchait, et le sondeur qui m’annonçait la remontée en égrenant des valeurs de plus en plus faible ; et cela jusqu’à ce chiffre, lui aussi prévu de 5 mètres à partir duquel la profondeur s’est stabilisé pour, un peu plus tard, commencer lentement à augmenter.
Et puis, comme souvent dans ces approches, tout d’un coup, en une seconde, tout devient clair !
Le phare est parfaitement localisé, sa lumière devient éclatante et sa position indiscutable ; les bouées latérales du chenal se présentent comme à la parade et leurs différents éclats parfaitement individualisées.
Tout est limpide et il est difficile de d’imaginer que quelques secondes auparavant, l’incertitude était présente. A l’extrémité de ce chenal nord, il faut virer de 70° à tribord pour prendre la seconde partie du chenal en suivant un alignement de deux feux blancs l’un sur l’autre, cet alignement est assez facile, même de nuit ; par contre, le nombre considérable de voiliers ancrés dans le chenal rend la progression lente.
Après quelques allers-retours, je prends moi aussi la décision de mettre mon ancre plus ou moins au milieu du chenal, il est presque une heure du matin quand je plante enfin la pioche.
Le lendemain, je suis réveillé comme je m’y attendais pas un harbour master qui me réclame son du, me signale que je peux profiter des installations du yacht club, mais que je dois changer de place car je suis sur le parcours d’une régate !
Oups Une régate dans ce chenal où il y a trois bouées et quatre bateaux à l’ancre au m² !


Cela va être un sacré massacre !
Je me bouge replante la pioche un peu plus loin, légèrement à l’écart du chenal et j’ai pu assister au spectacle des régates sur la rivière Salcombe, et je peux vous garantir que les skippers sont pas des manchots; les virements de bords sont impeccables, très souvent à moins d’un mètre du tableau arrière des voiliers ancrées.
Aucun choc à déplorer entre les dizaines de dériveurs en régate et les dizaines de voiliers ancrés. Après les 3 jours de navigation quasiment sans interruption et l’arrivée très tardive, et au vue de la splendide journée ensoleillé qui s‘annonce, j’avais pris la décision de faire un day off et de rester à Salcombe toute la journée.
Comme 1er moif de repos, je vais au yacht-club prendre une bonne douche.
Ah ! Les yacht-clubs 100% anglais !
Il est sur que le prix d’une journée à l’ancre est cher en UK, mais quelle classe, quelle nostalgie, quelle ambiance cosy dans ces « so old fashionned » yacht club anglais du début du XXIème siècle.
Je prends une douche agréable et vais déguster une bonne pint au bar.
Les décorations des murs sont des musées à la gloire de l’histoire de la Salcombe river, et deux faits majeurs se distinguent ; d’abord un architecte qui a crée une série de dériveur dans les années 20, d’environ 6,5 mètres, qui posséde comme caractéristique un mat d’artimon portant une petite voile de 2 à 3 m² et puis, le grand fait marquant de ce port est le « Salcombe disaster » aussi présent, triste et assourdissant que le « Newlynn disaster » ; un canot de sauvetage est partie du port durant la 1er guerre mondiale pour sans doute secourir des bateaux de pèche lors d’une tempête hivernale ; ils sont partis à la rame, en tirant sur le bois comme on dit ; et puis, quand ils ont voulu sortir de Salcombe river en passant sur le « bar » leur canot a été roulé par les déferlantes, et au final 13 marins sont morts noyés.
Chienne de vie.
J’ai pris un excellent repas dans un pub près du yacht-club, salade de crabe et family hamburger de mémoire ; et puis j’ai engagé la conversation avec un matelot de Salcombe, tranquillement assis sur le muret qui sépare le pub de la rivière ; ce gars m’a parlé de deux choses, le monotype de Salcombe (avec son mat d’artimon) et le danger du « bar » avec el Salcombe disaster ; nul doute qu’il ait été surpris qu’un french frog en ait connu sur ces deux faits historiques de Salcombe !



Puis, j’ai été faire faire des courses en ville, et en revenant, après être monté dans mon annexe, bizarre, farfa II a l’air d’être à une place différente de celle où je l’avais laissé en fin de matinée ; effectivement, j’avais laissé farfa II à l’ancre et je le retrouve sur un corps mort.
Quelques secondes après être monté à bord, un harbour master vient m’informer assez sèchement qu’il a été obligé de reprendre mon mouillage et de m’amarrer à un corps mort car j’ai soit dérapé soit évité vers un autre voilier que j’aurais touché.
Oups !!
Effectivement je suis amarré sur un corps mort, de plus avec un bout qui n’est pas à moi, et le harbour master vient m’en informer assez sèchement.
Comme j’avais prévu de prendre de l’eau au ponton visiteur, je largue ce corps mort, roule le bout d’amarrage, et me dirige vers ce ponton. J’y suis accueilli par le boss des harbour master, nettement plus compréhensif, qui me demande juste de lui rapporter le bout d’amarrage, que je venais de rendre à un autre harbour master ; il me conseille de remonter le fleuve car les mouillages y sont de bonne tenue et avec de la place ; je suis son conseil et effectivement, le haut de la rivière Salcombe est splendide, un vrai lac, avec peu de monde, d’un grand calme ; et comme je dois repartir le lendemain matin très tôt, c’est absolument parfait. Et oui ! Il faut penser à repartir ! La soirée est aussi consacré à remettre la garcette du guindant du spi assymétrique dans ce spi, ce travail de patience dure moins longetmps que je l'aurais craint, juste une à deux heures.


Le lendemain matin, réveil vers 6 heures, petit déjeuner rapide, et au revoir l’Angleterre !
Je repasse le « bar » vers 7 heures et direction la France, cap sur Cherbourg ; la météo est superbe, beau soleil, et un vent de 3 à 4 Beaufort d’ouest devrait me pousser à bonne vitesse vers l’autre coté de la Manche.


Le soleil, j’en aie eu à satiété ; par contre pour ce qui est du vent, il était aux abonnés absents ; un petit force 2 le matin, j’ai sorti le spi asymétrique, mais la vitesse sur le fond ne dépassait pas les 3 nœuds. Et j’ai un peu tardé à mettre le moteur, la progression a été plus lente que prévu ; le moteur a fonctionné de la fin de la matinée …. Jusqu’au début de la soirée.
Ah il a bien ronronné le Nanni 21 et moi j’ai bien pris des couleurs avec le soleil éclatant. J'avais mis le cap sur Aurigny, mais avec le retard pris en début de traversée, je n'étais en vue du Phare principal à coté d'Aurigny, les Casquets de mèmoire, que tard le soir, de plus le vent étaité revenu du nord ouest; j'ai donc viré de bord, arrété le moteur, lancé le spi assymétrique et vogue la galère !! 
Nav de nuit au large du Cotentin, avec les réveils réguliers, le moteur enfin éteint, et farfa II qui allonge la foulée. Malheureusement, au petit matin Eole s’est remis aux abonnés absents, le spi a été rentré dans sa chaussette et la brise Nanni a repris le dessus.
Toute la matinée a été bercée par le ronronnement du moteur qui tourne comme une horloge à 2000 tours pour une vitesse de 4.8 nœuds, et puis l’après-midi aussi ; je me suis trouvé en fin de journée dans l’impossibilité de pouvoir entrer à Deauville, car arrivant à marée basse, j’ai alors infléchi le cap vers le Havre, que j’ai rejoint vers les 11 heures du soir.
Une solide étape de 180 nautiques, 40 heures dont …. Au moins 25 au moteur.
Le lendemain matin, petite balade Le Havre Deauville, après avoir fait le plein de gasoil, bien sur, et cette dernière étape s’est faite au moteur.
Arrivée en début d’après midi, triste et ravi ; triste de cette croisière soit finie mais ravi d’avoir réussi à aller aux Scillys.







mercredi 8 août 2007

Balades aux Scillys


Day Off à Saint Mary

   Solidement attaché à mon coffre et après avoir payé ma dîme au Harbour Master, le délassement et le ravissement d'y être m'envahit.
   La cérémonie du gonflage de l'annexe fini, n'oublions pas que mini-farfa allait me suivre durant toute ma croisière n'étant dégonflée qu’à mon retour à Deauville, je m'accorde une balade à terre dans cette toute petite ville; si ma mémoire ne me trompe pas, je suis arrivé un dimanche, et je ne fait que noter les magasins où j’irais faire mes courses le lendemain;  puis retour sur farfa pour une bonne sieste.

   Après le repos, et des 18 heures, direction le très célèbre « Mermaid Pub », facile à trouver car il se trouve juste au bout du quai où on laisse les annexes ; à l’intérieur, ce pub justifie son nom par des sculptures de sirènes, et son bar n’est ni plus ni moins qu’une barque en bois coupée par le milieu. Je commande mon menu favori, le burger du pub et une pint de bière légère, ah qu’un vrai repas est bon quand on n’a fait que grignoter pendant deux jours !

   Bien rassasié, retour au bateau pour une dernière petite mousse avant un vrai, grand, dodo sur un bateau qui ne bouge pas malgré le fait que nous soyons sur coffre. J’assiste alors à un petit commerce qui a failli me remettre l’eau à la bouche. Un pécheur fait le tour des voiliers en leurs proposant des crabes vivants, visiblement récemment péchés ; dès que son stock est à zéro, il repart un peu plus loin, et refait son stock grâce à un vivier qui n’est qu’un casier plein de crabes fixé à un orin. La prochaine fois je m’en souviendrais.

   Le lendemain matin, corvée de courses et achat de tous ce qui pourrait se manger par un français dans un magasin anglais. C’est à dire pas grand-chose ; enfin j’ai de quoi me nourrir pour les prochains jours, et quelques spécialités à ajouter à mes spaghetti sauce bolognaise préférés. En me baladant, je passe devant l'anse de Port-Cressa et y projette de m’y arrêter le soir.
   Rentré à bord de farfa II, je range tout et, vers 11 heures du matin je lève l’ancre, ou plutôt je libère un coffre qui ne le reste pas longtemps.
   Avant de rejoindre Port-Cressa, allons dire un petit bonjour à Bishop Rocks; ce phare a toute une histoire, c’est le plus à l’ouest de l’Angleterre. Au temps anciens où la marine à voile se pratiquait sans instruments, les capitaines avaient coutume de dire qu’ils visaient entre Ouessant et Bishop Rocks ; or ces deux endroits sont pavés de roches à fleur d’eau et ont été le théâtre de très nombreux drames de la mer.
   D’ailleurs, pour rejoindre ce phare, par exemple en passant entre l’île St Ann et alors j’en ait vu de ces rochers dangereux, avec des formes de lame de rasoir tranchante, ou avec des pointes aiguisée qui font penser à une mâchoire de crocodile.

   En s'approchant des « westerns rocks » par le sud, on distingue les vedettes de touristes cherchant les célèbres phoques des Scillys faisant leur sieste au soleil ; j’aurais pu moi aussi me rapprocher de ces animaux, mais je ne me suis pas senti suffisamment à l’aise pour la naviguer si près de ces satanés rochers.

   En début d’après-midi, j’étais en vue de Bishop Rocks, majestueux phare sur son petit de rocher, surmonté, comme le sont tous les phares anglais, de sa plate-forme pour hélicoptères ; j’ai aussi eu la chance d’y arriver avec un très beau soleil, cela m’a permis de faire de très belles photos. Je garderais ainsi longtemps le souvenir de ce phare, comme le point le plus ouest jamais atteint avec farfa II ; et aussi le secret espoir d’aller, lors d’une prochaine croisière, plus à l’ouest voir plus au nord-ouest, et, pourquoi pas, mettre le phare du Fastnet au tableau de chasse de farfa II.


   Après cette belle vision, retour vers l’ile de Sainte Ann, avec comme objectif de venir s’ancrer à Port-Cressa, en prenant le chenal principal des Scillys, toujours entouré de rochers ; belle navigation sous un beau soleil d’après midi. Rendu à Port Cressa, je viens m’ancrer pas trop loin de la plage, le mouillage est parfait, par 5 à 10 mètres d’eau sans le moindre petit clapot.


Je prends mon annexe et fait d’abord plusieurs photo pas si mal, dont la meilleure est depuis mon fond d’écran.


J’avais repéré le matin un pub donnant directement sur la plage, je m’y dirige et consomme mon habituel hamburger familial tout en contemplant la baie avec une vue sur les voiliers au mouillage dont le mien. Ce bon repas est suivit du retour au bateau et d’un bon sommeil.



Le lendemain, direction vers le « New Grimsby Sound », c'est-à-dire le mouillage entre l’ile de Tresco et l’ile de Breyer ; pour y aller, deux possibilités: soit la route directe qui se fait en passant au dessus de hauts fonds parfaitement balisés, soit le tour par l’extérieur. Bien que j’ai lu que la route directe et son raccourci était tout à fait navigable et malgré que cela m’ait été confirmé que le célèbre « écumeur », la vue du passage à marée basse m’avait, la veille, impressionné, et j’ai finalement décidé de faire le grand tour, par l’extérieur; enfin ce chemin par l’extérieur n’allait me prendre pas plus de deux heures. Départ le matin pour ce tour, en repassant pour la quatrième fois entre l’ile St Mary et St Ann ; navigation sous une météo nuageuse, avec un bon petit vent de force 3, tout en passant toujours devant de nombreux rochers, enfin on finit par même par s’habituer à naviguer entre des écueils.
Arrivée devant l’entrée du New Grimsby Sound, avec toujours sur les genoux la carte du coin plus les deux livres d’instructions nautiques, je navigue toujours aussi prudemment ; à l’entrée de ce Sound, il y a au sommet d’un petit ilot nommée Shipman Head … une potence, est-elle prête à l’emploi ? Ou a-t-elle déjà servie ?

Je rentre au moteur dans ce Sound, dans une passe entre deux iles qui en fait un lieu bien abritée des vents d’est ou ouest, mais qui doit être intenable par nord-nord-ouest. Le mouillage est plein, tous les corps-morts visiteurs sont pris, je me faufile et trouve une place entre plusieurs bateaux.



Après un repos rapide, je prends mon annexe pour gagner la terre. Les Scillys sont des iles très petites, et il me faut moins d’une demi-heure de marche pour traverser l’ile Tresco, visite d’une chapelle incluse, et me retrouver devant « Old Grimsby Sound » un mouillage de l’autre coté de l’ile. Je me ballade sur la plage, la marée est basse, et je prends des repères pour l’étape du lendemain, St Helens Poll, qui se trouve légèrement au delà de l’ile de Tresco. Après-midi agréable, avec un mélange d’éclaircies et de passages nuageux ; des adolescents s’initient à la voile sur de petits dériveurs. J’ai découvert, en feuilletant une brochure locale peu après dans un petit supermarché où j’était en train de faire quelques courses, que l’ile était en train de devenir le lieu de re-sourcing des londoniens, tout cela gérée de prêt par .. l’unique propriétaire du lieu ! en effet, l’ile appartient à 100% à la famille « Adam-Smith » de mémoire.
Ah ! Ne pas oublier les reprises d’ancrage à New Grimsby Sound ! Rentré au bateau avec mes courses, je me trouve trop près d’un autre voilier, car, entre le vent et les courants, les bateaux évitent de manière différente. Je remonte l’ancre et me remouille deux fois. Puis, après avoir fait un aller-retour à terre pour mon hamburger du soir, je ne suis toujours pas satisfait du mouillage et je bouge farfa II un peu plus loin. Après avoir assisté à un spectacle typique des Scillys, le départ d’une course de gigues,


Un autre bateau pas loin m’explique alors que je suis trop prêt du corps mort qu’une grosse vedette va bientôt prendre, je me déplace une nouvelle fois, heureusement la vedette arrive en effet ; et puis je me mets trop prêt d’une autre bateau et doit encore reprendre mon mouillage une nouvelle fois. Vers les 9 ou 10 heures, les bras courbatus d’avoir remonté une demi-douzaine de fois l’ancre et ses 20 mètres de chaine, j’ai droit à un repos qui n’a jamais été aussi bien mérité son qualificatif de bien mérité.
Départ le lendemain, sous un ciel bien gris voir quelques gouttes de bruine, vers St Helen's Pool, encore une escale avec un vrai exercice de navigation ! Résumons, ce mouillage, qualifié de très bon car protégé de tous les vents dominants, est une vrai piscine entouré de rochers; tellement protégé qu’il servait, au XIX siècle, de mouillage d’attente aux grands voiliers venant de traverser l’atlantique. Mais son entrée, balisé par deux rochers plus ou moins découvrant et distants de … 50 mètres n'est pas si évidente, surtout la première fois; pour passer cette entrée, il faut d'abord laisser un phare, puis prendre un chenal entre deux rangées de rochers, un vrai entonnoir où on a l'impression de se jeter sur les écueils.
Le passage de New Grimsby à St Helen's Poll n’a pas duré plus d’une heure et demie, mais quelle intensité de navigation !
Arrivé au milieu de cette piscine, je découvre qu’elle porte bien son nom ; on distingue nettement au loin les vagues qui déferlent sur des lignes de rochers faisant office de récifs, mais au final, pas le moindre clapot dans ce mouillage; nous ne sommes que trois voiliers. Après un déjeuner réconfortant, sans doute à base de spaghetti bolognaise, je prends mon annexe pour aller visiter l’ile qui ferme cet abri au nord, cette ile s’appelle St Helen.



Superbe lieu de promenade que ce petit ilot !
Il a d’abord servi de lieu de retraite au moyen âge et conserve les ruines d’un monastère ; puis, bien plus tard, il servait de quarantaine pour les grands voiliers à l’ancre à St Helen's Pool. J’ai ait fait le tour, en passant par des sentiers dont la trace était plus ou moins marqués, sans oublier de grimper au sommet et profiter de la splendide vue.
Moment de nostalgie une fois revenu à bord, en effet le départ est prévu pour demain ! Il faut en effet prévoir un planning souple en croisière, pour être sur de pouvoir patienter une à deux journées en cas de mauvais temps ; et puis je vais en profiter pour visiter la Cornwall !



jeudi 2 août 2007

Aller aux Scillys

Trois "nav de nuit"pour rejoindre les Scillys.

   Souvent, les projets de croisière commencent l’hiver, devant une carte marine; les noms de ports défilent devant vos yeux: et puis, irrésistiblement, votre regard commence à être attiré par un lieu, une pointe, un cap, une île; durant cet hiver 2007, l’archipel des Scillys, ou des Sorlingues comme on dit en français, en haut à gauche de la carte de la Manche agissait ainsi comme un aimant sur mon imaginaire.
   Ce désir s’amplifiait non seulement parce que tout le monde disait que ce lieu était magnifique, mais aussi parce qu’il correspondait pour moi, mon bateau et mon expérience, à une sorte de petit Everest que j'espérais pouvoir conquérir ; l’été 2007 serait donc celui du Round Scillys trip.



   Les premiers renseignements que je glanais sur cette navigation confirmaient le caractère prometteur du lieu, de son calme et de sa beauté, mais ils étaient tous relativement peu optimistes sur la chance de réaliser cette croisière; en effet tous les matelots étaient unanimes pour confirmer qu’aller aux Scillys était difficile voir aléatoire.    Le vent d’ouest, donc de face, est fréquent, décourageant les équipages les plus volontaires; au final, on n’y arrivait qu’une fois sur deux, c'est-à-dire qu’à chaque fois que deux voiliers mettaient le cap l’été sur les Scillys, un seul y arrivait, et l’autre finissait sa croisière en Cornouaille.

   Fin juillet, et après une bonne semaine de vacances récupératrice en Calabre (lucky farfa II), je me suis présenté au ponton de Deauville pour le grand départ; d'autant plus heureux que le hasard a fait que le jour de ce départ, j’ai prit livraison de mon spi asymétrique tout neuf tout beau, aux couleurs de farfa rouge / jaune / bleu ciel avec sa chaussette.


Premier jour



   Départ comme d’habitude pour moi vers l’ouest ; et oui, à partir de Deauville une croisière commence souvent cap à l’ouest. Quelle sera la première étape ? Et cela vers une destination qui, si la finale est espérée, restait à choisir pour ce qui est des escales intermédiaires, celles qui sont définies en temps réel; donc cette s premières escales ? St Vaast la Hougue ou Cherbourg ? Et cette fois ci en évitant le piège des courants de Barfleur dans lequel j’étais tombé l’année dernière; je m’étais juré d’améliorer cette année ma navigation.

   farfa II taillait sa route, et malgré le départ retardé du à la livraison du spinnaker suivi du remplacement de l’anémomètre, tout ce passait bien et je comptais arriver à Cherbourg en milieu de nuit, m’arrêter quelques heures pour attendre la marée, faire un saut vers Aurigny et passer la Manche le lendemain. La mer et la météo sont imprévisibles; et en cette fin d'après midi les petites bruines se sont transformées en une pluie soutenue, intense; comme j’étais au largue, cette pluie avait tendance à entrer dans le carré malgré la capote et j'ai donc fermé le capot.

   Petit à petit, j'ai adopté une tactique qui a consisté à me mettre à l’intérieur, capot fermé, et à guider farfa II avec la télécommande sans fil ; j’étais bien, au sec, et engrangeait les miles.

   Avec le soir qui tombait, un doute a commencé à s’instiller en moins ; comment faire pour arriver de nuit sous la pluie à Cherbourg ; ou plutôt cette atterrissage de nuit sous la pluie allait être vraiment pénible, alors que j’étais si bien au sec, dans mon carré.
   Voyons; avec ce vent de nord-est, il me suffirait de changer légèrement de cap pour me retrouver vers l’Angleterre ! Et quitte à ne pas sortir du bateau autant faire une route directe ! Ainsi fut fait, cap au Nord, vers Weymouth, repas frugale et on continue de skipper farfa II de l’intérieur. 

Deuxième jour


   Durant la nuit, le vent a tourné, car ce dont je suis sur, c’est que lors de mon premier réveil matinal, vers 6 heures du matin, j’approchais des rails et j’étais bâbord amures, au prés, direction au nord; avec cette nouvelle direction du vent l’atterrissage à Weymouth était compromis, car celui-ci me repoussait vers l’est.
   Sur ce changement de la direction du vent durant la nuit, mes souvenirs sont assez flous ; ah si j'avais tenu un meilleur journal de bord en temps réel. En tout cas, la matinée fut sèche, et la pluie s’était arrêtée ; le vent était impeccable et la traversée de la Manche se passait bien ; en début d’après-midi, il devint évident que je ne pourrais pas rejoindre Weymouth qui se trouvait trop face au vent, et qu’il me fallait me laisser porter vers Poole. 

   Le vent devenait de plus en plus fort, les 15 nœuds furent dépassés et le vent adonna ; le capitaine envisagea de repartir au près vers Weymouth avec une arrivée en pleine nuit, mais l’équipage, fatigué, proposa de laisser le cap sur Poole, qui fut atteint en milieu d’après-midi, vers 16h30.
Au loin ce fier destrier avance très bien



Catastrophe, un "truc" a cassé sur le solent

   Juste avant d’arriver, je vit le triste spectacle d’un beau voilier casser, sur un bord de près tribord amures, quelque chose sur son solent, qui s’est affalé en vrac sur le pont.
   
   Quelle marina choisir ? Je pris la première à droite Salterns, et je ne fus pas déçu de mon choix ! Prix délirant 40 £ pour la nuit, et comme voisins de ponton, une belle collection de vedettes à 10 millions d’€ pièce.


Repas au club-house, hamburger de poulet plus deux bières et grand dodo.

 Troisième jour 

   Départ vers les 8 heures le lendemain, avec un temps au début nuageux, mais une promesse de belle météo, ce qui veut dire un vent qui ne serra pas de face, il était prévu Nord, hésitant entre Nordet et Noroît, ne dépassant pas les 10 nœuds, ce jour devait ainsi être aussi celui du 1er envoi de mon nouveau spi asymétrique tout neuf avec sa chaussette.
   La sortie de la baie de Poole commença au moteur, puis le génois fut déroulé pour aider à avancer; de nombreux dériveurs s’entraînait, ayant leurs spi asymétrique au bout de longs bout-dehors, au milieu des très nombreux bateaux sur corps morts, on entendait juste le claquement sec du spi asymétrique qui se regonfle après un empannage.
   Beau spectacle et très habiles barreurs, car je n’ai vu aucune erreur avec choc sur un bateau immobile à son corps mort.
   Une fois sortie de Poole, et en profitant du soleil matinal, je sortis enfin l’objet de mes rêves, je parle du spi asymétrique. Le gréement est au final assez facile, comme espéré : juste une drisse est les deux écoutes. Une fois le spi, ou plutôt la chaussette hissé, le grand moment a été la remontée de la chaussette et l’ouverture du spi, bâbord amures ; tout s’est très bien passé d’autant plus que le vent faible est devenu faiblard, quelques nœuds pas plus.

La première des milliers de tofs de mon spi asy

   Un premier empannage par devant, en faisant passer le spi devant l’étai en drapeau, est effectué avec difficulté le vent ne gonflant plus le spi ; et en avant tribord amures.

La deuxième tof ...
 
   Le premier cap à franchir, entre Poole et Weymouth est le cap Saint Alban, sur la carte il est noté les quelques ondulations en forme de vaguelettes qui préviennent de l’existence d’un raz ; j’avais déjà passé ce cap l’année dernière et un anglais voisin de ponton m’avait informé qu’il existait un passage à terre, franc de toute roche, qui permettait d’éviter ce raz ; cela était confirmé dans la bible des manchards, les instructions nautiques de Tom Cunliffe.
   Confiant dans mon expérience et ces informations, ne voulant pas perdre trop de temps sur le programme de navigation avec ce temps pétoleux, je rentrait le spi dans sa chaussette et mis le moteur en marche pour franchir rapidement ce cap, le courant porteur allant heurter de front des longues vagues atlantiques.
   Cependant, au fur et à mesure que je m’approche de ce cap, je distingue nettement des moutons au large de la pointe, et puis ces moutons se gonflent et de vrais déferlantes apparaissent ; confiant dans la force du moteur, je continue en serrant la pointe au plus près, en gardant toujours 10 mètres d’eau sous la quille; c’est assez étonnant, car à 10 voir 20 mètres de la zone de déferlantes, c’est la calmasse, avec un petit clapot, et puis en 5 secondes, une zone de raz se forme et farfa II se retrouve ballotté de droite et de gauche, l’étrave montant au cieux pour retomber lourdement. Cette lessiveuse n’a pas duré plus de 3 minutes, et m’a permis de prendre quelques belles photos.


   Il n’y a eu aucune casse sur le bateau, par contre, honte à moi, j’avais oublié de fermer les vannes des WC;  oups, et dans les chocs contre les vagues, l’eau de mer est remonté avec suffisamment de force pour franchir les siphons et au moins 10 litres sont entrés dans le bateau, entraînant une petite séance de nettoyage et assèchement des fonds avec une éponge.

   Après Saint Alban, le vent est revenu mais en ouest voir ouest-sud-ouest, le spi asy a été rentré et le génois déroulé, belle ballade au large de la cote, la vitesse n’est pas exceptionnelle, mais la navigation est des plus sereine et très reposante.


   En milieu d’après midi le vent a légèrement tourné, pour passer plutôt ouest-nord-ouest ; virement de bord pour prendre un cap sud-ouest. L’après midi s’écoule, vent agréable, léger clapot, farfa II taille sa route avec une grande régularité, et le skipper autorise de matelot à s’assoupir avec de la musique anglaise y compris les commentaires qui sont dis à une vitesse stupéfiante.




   Je ne me souviens plus bien quel était le plan initial de la journée, mais je suis sur que rapidement la décision fut prise de continuer avec une deuxième navigation de nuit, toutes les conditions étaient réunies: météo mer et vent étaient à l'unisson.
   Le crépuscule est venu, le cap et les réglages sont restés identiques, j’avançais au rythme serein d’un voilier qui taille sa route avec une grande régularité. Après un repas sans doute frugale, ou plutôt un repas fait par un cuisinier dont la compétence est assez limitée, et dont la spécialité se limite à des spaghetti à la « sauce bolognaise toute prête acheté au supermarché » j’ai pu veiller tranquillement, tout en écoutant à la fois la VHF avec les interventions régulières des « Poole Coast Guards » please go to channel 67 et la radio FM avec ces commentaires trop rapides des speakers.


 Quatrième jour

   Le matin m’a pris sur l’autre bord, sur que j’avais du viré de bord lors d’un de mes réveils de la nuit ; farfa II avait doublé le phare et / ou cap de Start point et faisait maintenant route vers Plymouth, ce port qui restera attaché comme lieu de départ des mythiques transatlantiques en solo vers Newport.
   En passant au large de ce cap, je garde le souvenir précis d’avoir vu de très nombreux voiliers, sans doute une régate, qui remontait au prés le long de la cote, alors que je tirais un grand bord bâbord amures vers Plymouth.



   L’arrivée sur ce port mythique est facile, une fois le très grand brise lames paré, après direction le premier bassin à flot, il y a une écluse où je me suis annoncé en utilisant en utilisant sans doute pour la première fois ma nouvelle petite VHF portable.




   Une fois arrivé et amarré, vers 4 ou 5 heures de l’après-midi, direction le premier pub ouvert même en fin d ‘après midi; et à moi un bon hamburger réconfortant, arrosé d’une (voir deux) pint de bières ; ah ! Que la vraie nourriture est bonne après l’exécrable pseudo cuisine de la nuit !! Sitôt rassasié, l’équipage va se reposer, et je reste toujours surpris de mes capacités à m’endormir très tôt, vers 9 heures, voir avant, quand je suis en croisière.

Cinquième jour

   Au matin, après un réveil et un petit déjeuner habituels direction ouest ! Toujours plus à l’ouest ! Profitons de la météo favorable pour gagner le plus de miles vers les Scillys ! 
   Je suis presque sur d’avoir quitté Plymouth avec l’idée d’une troisième navigation de nuit qui pouvait m’amener à St Mary, le mouillage principal des Scillys, conforté dans mon intuition par le vent portant, en effet le vent s‘établissait est à est sud est, une chance inespéré pour aller aux Scillys.
   Sortie de Plymouth au moteur, au vue de la queue à la station service je renonce à compléter mon réservoir de gas-oil ; je sort du port, repasse le fameux brise-lames de Plymouth et cap au sud-ouest.


   J’ai pensé, au départ, pouvoir faire un tour au fameux phare d’Eddystone, au milieu de la baie en face de Plymouth. Mais l’écart par rapport à la route directe se révéla trop grand ! Et je ne pus que faire une bien blafarde photo du phare à plusieurs miles de distance. N’oublions pas le principal, le spi asymétrique était hissé et, pour la première fois, me montrait sa réelle utilité, en permettant à farfa II de voguer à une très bonne vitesse, entre 5,5 et 6 nœuds, sans aucun problème de contrôle de la part de roger, mon fidèle copilote.
   L’après midi s’écoulait tout à fais tranquillement, une bonne allure me permettant de faire une route me permettant de doubler le Cap Lizard largement, à plus de 5 nautiques ; et puis la nuit arriva, et le rythme de vieille spécial farfa II se mit en place, c'est-à-dire réveil toute les heures et à dieu va !!

Coucher du soleil, pas du cap'tain !

   Je garde le souvenir précis d’avoir fait un empannage en milieu de nuit, à un moment on je commençais à titiller le rail descendant de la Manche, empannage avec le spi asymétrique par devant, pas si facile avec ces dizaines de mètres d’écoute ; cette manœuvre m’a remis dans un cap nord-ouest, direction les Scillys avec comme étape intermédiaire le phare de Wolf Rocks entre l’archipel et Lands'end. Enfin, en milieu de nuit j’ai vu et croisé un voilier qui est passé sur mon arrière, repéré grâce à ses feux de navigations.

Sixième jour

   Petite humoristique frayeur rétrospective au petit matin, après mon réveil toutes les heures grâce au minuteur, je vérifie ma position sur le GPS, et la reporte sur la carte et me rend compte que je ne dois pas être loin du phare Wolf Rocks, voir très près de celui-ci ; jetant un coup d’œil dehors, je vérifie que je suis effectivement à 500 mètres de celui-ci. Cela aurait été une sacrée blague à raconter le fait de s’être empalé sur ce phare; le seul rocher émergeant de la mer à 10 nautiques alentour !
  La matinée s’est passé au mieux, le cap était fièrement vers l’objet de mes convoitises, les Scillys maintenant toute proche; j’ai pu voir le bateau feu de Long Ships légèrement au nord, la photo est un peu floue



   Et puis une petite ligne est apparu sur l’horizon, les Scillys, je m’approchais du but ce cette croisière; heureux d’arriver, ravi d’avoir rejoint les Scillys si facilement et bien sur fatigué de ses trois étapes ayant comporté une navigation de nuit pour chacune d’entre elle.


   La première vue que j'ai eu de ces îles correspondait bien à tout ce que j'en avait lu, une ligne de rochers bas sur l'eau émergeant de la mer. J’ai mis le cap vers le passage entre St Mary et St Anne, après avoir bien anticiper l'impact du courant ; farfa II avançait de plus en plus lentement, la brise légère du matin s’essoufflant, j’ai mis le moteur en route, cela permettant aussi de recharger les batteries et de maintenir la bière au frais.
   Toutes les 5 minutes, un hélicoptère traversait la ciel, il était clair que de nombreux vacanciers rejoignaient les Scillys par la voie des airs ; j’ai aussi eu le plaisir de me faire rattraper par le Scillonian, le ferry qui fait la liaison entre Penzance et les Scillys, après avoir répondu aux bonjours des passagers, j’ai prudemment suivi le sillage du ferry qui allait rejoindre le même port que moi et pouvait ainsi me montrer le chemin.


   Et bien ma première impression des Scillys confirmait tout ce que j’avais lu, les Scillys sont un endroit vraiment parsemé de rochers, des rochers partout. Même avec une bonne navigation, et des points GPS régulièrement reportés sur la carte, toutes les 10 voir 5 minutes, il est possible de se retrouver face à un rocher et d‘avoir juste le temps de remonter de la table à carte pour reprendre la barre et modifier la route.
   Je passais par le St Ann Sound pour faire le tour de l’île principale par l’ouest et arriver au port de St Mary. Port ? Il n’y aucun ponton aux Scillys, uniquement des coffres ou des mouillages forains ; je me suis avancé pour trouver un coffre de libre.



Que dire au bout de ces six journées ? Par rapport à ce que j’avais lu et aux conditions météorologiques habituelles en Manche, j’avais été chanceux, voir très chanceux avec beaucoup de vents portants.

J’étais aux Scillys, mon objectif était atteint.