Cowes Deauville le retour
Au matin, dans ce petit coin abrité de Beaulieu river, l'ancre est remontée et le cap est mis à ……. l’est évidemment.
De nouveau, navigation aux milieux des bateaux qui régatent ; enfin ce matin c’est un « temps de suisses » et les voiliers avancent mollement ; je sors du Solent grâce à une risée Nanni. Le spectacle comporte "Roxy" qui revient de faire le Vendée Globe.
Et une vision un peu plus triste, le trimaran Castorama, avec lequel Ellen Mac Arthur a réussi l'exploit incroyable d'aller plus vite que Francis Joyon en tour du monde solo, est sur corps mort, visiblement très délaissé depuis son exploit.
Et puis des voiliers, encore des voiliers, toujours des voiliers
La matinée s’écoule tranquillement je passe entre les deux forts qui marquent l’entrée Est du Solent.
Quelle sera la prochaine étape ?
D’abord, je passe au large de méchants cailloux, le coin s’appelle « selsey bill » de mémoire ; j’en profite pour jeter un coup d’œil, de loin, sur la tour Nab, et, avec ce vent un peu faiblard……. je décide de faire connaissance avec LittleHampton.
Dans la quiétude d‘une fin d’après-midi estivale, l’atterrissage se révèle très facile, la cote est accore, et le GPS m’emmène droit sur la jetée Ouest, en pleine reconstruction.
En réalité, nous avons affaire à une ria, et le port est en fait les deux rives d’une rivière, un rapide coup d’œil me montre qu’il n’y a pas de place de libre à un ponton, je me mets à couple d’un HR 31 et réussit à brancher mon électricité.
Exceptionnellement, le Harbour master est absent. J'entame la conversation avec le skipper à couple et nous nous retrouvons dans son bateau à goutter le « French Ricard ». Il est samedi soir, et il passe la nuit ici avant de rejoindre demain son port d’attache : Newhaven. Comme c’est le trajet j’aurais pu faire nous nous donnons rendez-vous le lendemain soir à ce port de Newhaven pour goûter son whisky; ah que les matelots qui naviguent peuvent être assoiffés !! Repas dans un fish & ships typique, pas cher et nourrissant.
Toujours pas de Harbour master au matin et donc pas de toilettes. Il arrive quand je suis en train de défaire mes amarres et nous propose, au HR 31 et à moi-même, de payer moitié prix, je me contente de lui faire « bye bye » de la main. Sortie de LittleHampton au moteur, cap sur Newhaven en passant devant Brighton où je m’étais arrêté l’année précédente.
Une deuxième journée de navigation dans le style calmos, avec un petit vent de nord-ouest puis un peu de thermique. Le HR 31 d’hier me suit, me rattrape (au moteur) et me dépasse.
En fin d’après-midi, vers 17 heures, arrivant devant Newhaven, j’ai la surprise de le retrouver derrière moi !! En fait il s’était arrêté à Brighton pour déjeuner.
Il me signale qu’il faut entrer vite car un ferry arrive, et après il faudrait attendre qu’il ait fini ses manœuvres. Nanni est démarré et en avant vers l’entrée du port ; ce port est aussi constitué des deux rives d’une rivière plus une petite marina en pleine extension.
La place est hyper juste pour le ferry quand il fait son demi-tour ; pour cette manœuvre, il bloque sa poupe sur la jetée (imaginez la taille du pare battages) et pivote de l’avant ; son étrave passe à moins de 5 mètres des pontons.
Je prends le whisky avec le HR 31, fais quelques courses, et trouve un pub pour mon hamburger du soir. Au retour, je m’arrête dans un autre pub qui fait « karaoké » ; les anglais me bluffent par leurs talents de chanteur ; de plus dans ce pub, il y a des « ales » typiques, la Spitfire par exemple.
Retour (pas trop) tard, car le lendemain il faut rentrer en traversant la manche avec une direction Fécamp.
Réveil assez tôt le lendemain, vers 6 heures, un ferry est à poste, il partira juste après moi, le vent aurait du être parfait, 3 à 4 de nord-est, parfait pour un retour largue. Malheureusement, il va mettre du temps à s’établir et ne sera jamais fort. De plus, j’ai tardé à démarrer le moteur pour conserver la moyenne de 5 nœuds, ce qui fait que je suis en retard sur le plan de route type de traversée de la Manche. Les heures passent agréablement, les deux rails sont traversés; ci-dessous un photo du type de "monstre" marin que l'on voit en traversant la Manche.
Cela sert à quoi un cargo pareil ? |
Vers 4-5 heures je suis encore bien loin de Fécamp. Soudain, le vent se lève et je bondis sur le spi pour l’envoyer, car enfin farfa II va avancer. J’ai hissé cette voile sans réfléchir assez, car le vent s’est lever bien vite, trop vite et donc trop fort. Et je me retrouve dans la même situation que quelques jours auparavant, avec un spi qui pousse trop, roger qui ne le maîtrise plus, et moi à la barre en train de me traiter de tous les noms d’oiseaux….
Comment sortir de ce pétrin ?
Et bien, pendant que je me posais cette question, en étant, une nouvelle fois, prêt à sacrifier le spi, les rafales deviennent de plus en plus violentes, donnant à farfa des accélérations incroyables, et puis soudain … bang, un coup de canon; et le spi se met à l’horizontale devant moi.
Que s’est-il passé ? L’épissure de la drisse a lâché en tête de mat. En un instant je traduis cela en bonne nouvelle, la vitesse du bateau est redevenue stable, le spi fasseye dans une position inhabituelle, devant moi et parallèle à la mer; je vais pouvoir le rentrer tranquillement, sans problème. La seule conséquence sera une montée en haut du mat pour plus tard, pour remettre en ordre la drisse de spi. Une fois tout rentré dans l’ordre, le cap est maintenu sur Fécamp, avec génois + GV à 1 ou 2 riz, farfa avance bien et roger maîtrise.
J’arrive quand même tard à Fécamp, vers les 10-11 heures, trop tard pour aller au restaurant, d’autant plus que trouver une place n’a pas été facile, je me suis mis à couple d’un 35 pieds dont le propriétaire (hollandais) était visiblement peu d’accord et il craignait que son voilier tout neuf soit rayé, il s’est réveillé en maugréant pour rajouter un série de pare battages, et en m’expliquant, en anglais, qu’il faudra que je me réveille tôt pour le laisser partir.
Le lendemain, en effet, il part vers les 8 heures, en étant de bien meilleure humeur. Je profite de son départ pour aller me ravitailler en gas-oil et revient m’amarrer pour me consacrer à un petit bricolage sur le moteur, en effet, après moult réflexions, j’ai acquis la conviction que le refroidissement de mon moteur se fait moins bien, et que la cause pourrait être la turbine d’eau de mer, et comme j’en ait une d’avance, je vais essayer de la changer, ce qui constituera pour moi une première.
Je ne vous raconte pas tous les détails, les coups de fils passés à fil, le sens des pales, mais la turbine était bien HS, et la prochaine fois je ne pourrais que mettre moins de temps pour la changer.
Après un petit apéritif avec Didier de Révance 3, je pars pour la dernière étape, avec un Fécamp Deauville sous un beau soleil, vent impeccable, arrivée à Deauville vers les 8 heures.
Ma 1er "vraie" croisière estivale est finie, je ne sais que dire, je suis ravi, fier et un mot heureux d'avoir réalisé ce "Channel Clockwise"; qui veut dire en traduction littérale "Manche dans le sens des aiguilles d'une montre"; la conclusion est :
Vivement l'année prochaine !
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