Les balades de farfa II

mercredi 9 mai 2012

De Poole à Cowes

Day-off à Poole hors du monde


  Quel grand calme dès le reveil, entre pluie fine et incessante, cris d’oiseaux stridents et les évitages de farfa entre le courant et le vent ; n’oublions pas les coups de téléphone du boulot, deux fois pour sécuriser un forecast dans une ambiance un rien surréaliste : imaginez une personne au milieu  de nulle part discutant de millions de dollars avec un interlocuteur invisible et connu.

   Les repas de cette journée furent à base de nouilles chinoise réchauffées, pas mal si l’on n’a juste qu'une petite faim  et aucune extase culinaire attendue; avec la réparation et le nouveau réglage de la chaîne d‘ancre, la nuit fut bien meilleure. Je garde aussi le souvenir, durant cette journée, du passage de quelques bateaux de pécheurs, remontant ou descendant ce channel, et de nombreux oiseaux, de nouveau plutôt des mouettes, sur les bancs de vase assez proches.

En avant vers Cowes


    Après cette belle journée de repos, départ et retour vers la civilisation. Vers les 9 heures et demi, je me lançais le défi de remonter l’ancre ; il faut savoir qu’une bonne ancre, qui a bien maintenu son bateau pendant de nombreuses heures malgré le vent et le courant, est bien enfoui dans son élément; et ce jour c’était une belle vase bien épaisse. Comment faire pour le ramener à bord ? Pour l’arracher à cette endroit où elle s’est enfoncé méthodiquement et méticuleusement pendant deux jours ? Et comment le faire en solo ?

   Ma tactique est assez simple, sans doute y en a-t-il de meilleurs : mettre le moteur et avancer jusqu'à être à l’aplomb de l’ancre, aller à l’avant et remonter une partie de la chaîne grâce au guindeau manuel, arrêter quand cela ne vient plus, revenir à l’arrière, revenir à l’aplomb avec le moteur, et recommencer ; quand le bateau est réellement au dessus de l’ancre, forcer avec le moteur pour arracher l’ancre de son fond de vase. Cela marcha très bien, et farfa dérapa (cela est le terme technique adéquat) comme il le fallait.

   La sortie de la baie de Poole fut facile, malgré la pluie fine et le temps très nuageux, et surtout le courant de marée montante qui remplissait la baie. Ah si j’étais parti 2 ou 3 heurs plus tôt ! Mais cela aurait été quasiment en pleine nuit, et puis la suite aurait été moins favorable.
   Je savais bien que j’allais refouler un peu de courant dans le chenal de sortie, et puis profiter largement de même courant après la sortie ; néanmoins, j’établissais ma grand voile (à 2 riz car le vent était prévu plus de 20 nœuds) plus le génois, le tout aidé par Nanni à 1800 tours, pour passer le goulet de la sortie de la baie de Poole.
   Quand je relis mes notes, il m’a fallu deux heures entre le départ du Wharehouse Chanel et la sortie de la baie ; et vers les 11 heures 30 je fus une nouvelle fois vers les bouées Est de l’entrée de Poole et avec un vent de 12-14 nœuds, nettement moins fort que les 20-22 prévus; j'établis toutes mes voiles hautes et cela m’a permis d'atteindre une très bonne vitesse, quasiment 6 nœuds.
   Vers une heure de l’après midi, et sachant que je devais (re) passer devant Hurstle Castle, je mis le moteur deux fois pour être sur d’être au bon endroit à la bonne heure ; et effectivement, j’ai eu le très grand plaisir de revoir du vent et d’arriver assez rapidement en vue de ce cap qui m’avais tant ralenti deux jours avant.

   Cela fut la revanche de farfa !! En effet, entre de vent de sud ouest revenu et le courant de flot, j’ai passé ce cap avec une point à 11,5 nœuds sur le fond ! Ce qui m’avait pris une heure et demi fut maintenant réalisé en une minute et demie. Ah, que cela sont de vrais et beaux souvenirs ces navigations en Manche avec ces passages où la vitesse s’emballe brutalement sur le fond à plus de 10 nœuds !


   La suite fut une remontée du Solent sous une pluie fine, entrecoupée de coups de téléphone pour la « hot line forecast » ; à 15h30 je me mis au ponton de la Heaven Marina et je courus au Lyons Pub déguster leur special burger; rassasié je fis une petite balade de l’autre coté de Cowes avec le chain ferry, le ferry qui traverse la rivière Medina en se déhalant sur une chaine, on appelle cela se « touer ».




   Le soir je retournais au même pub qu'à midi avec le même menu pour être sur d’avoir savouré et dégusté de même special burger ; inutile de dire que la nuit fut savoureuse, profonde et longue.

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